En quatre longs-métrages réalisés et de multiples productions environnantes, Judd Apatow est devenue l'une des incontournables voix de la comédie américaine. Un style très à part, un humour acerbe, une manière de déconstruire les relations et de les mettre en scène... Autant de détails qui ont fait du style Apatow une marque de fabrique. Pour 40 ans : mode d'emploi, son dernier long-métrage en salles dès le 13 mars, Purepeople.com est allé à la rencontre de ce magicien de l'humour afin, justement, d'en cerner le mode d'emploi.
Dans 40 ans : mode d'emploi, Judd Apatow signe probablement le film le plus réaliste de sa courte mais riche filmographie. Lui-même ne s'en cache pas, lorsqu'il nous dit que c'est un simple événement se déroulant à la maison qui l'a poussé à faire ce film. "Il y a là-dedans une partie documentaire, parce que ce n'était pas écrit, ça se passait vraiment", avoue-t-il. Une inspiration venue du quotidien pour celui qui "mène une vie intéressante" à la maison, lui qui n'a " pas besoin de s'inventer des aliens ou des monstres" pour faire vivre sa créativité. C'est avec sa femme (Leslie Mann) et ses deux filles (Maud et Iris) qu'il tournera This Is 40, alias 40 ans : mode d'emploi en français.
Il suffit de rentrer dans les détails pour s'en rendre compte. En clin d'oeil à J.J. Abrams que Judd Apatow semble porter dans son coeur, sa fille Maud enchaîne maladivement les épisodes de la série Lost. Une sorte d'addiction tournée en dérision dans le film qui a pourtant bien eu lieu : "Elle avait regardé l'intégralité des épisodes en six semaines ! C'était flippant, parce qu'elle pleurait, elle était très émotionnelle... et on s'est dit 'est-ce qu'on doit l'arrêter, alors qu'il lui reste 20 épisodes ?'... alors on l'a laissé finir", raconte-t-il le sourire aux lèvres.
Prendre cet exemple lui a permis de se poser une question sur le comportement des gens face à la télévision, capables désormais d'avaler une saison entière en un week-end. "Sont-ils devenus fous pour autant ?", questionne son film. Il ne s'en cache d'ailleurs pas, le sérievore qu'il est ne tarit pas d'éloges sur Mad Men et attend avec impatience la prochaine saison prévue pour le 7 avril.
Pour autant, tourner 40 ans : mode d'emploi n'a pas été une catharsis. "On a passé beaucoup de temps à rire pendant la réalisation du film, sans rien apprendre" sur le couple, avoue-t-il, "parce qu'à la fin, on est revenu à la même place, avec les mêmes problèmes à traiter". Ce sont les spectateurs qui intéressent Judd Apatow, un homme qui bien qu'à "la recherche de la vérité", sans forcément se demander "jusqu'où je peux aller pour plaire au public". Dans la simplicité, on y trouverait donc le meilleur selon le réalisateur américain. Son film repose sur une base "très simple, un questionnement autour de 'et si je perdais mon job, comment je pourrais vivre, supporter ma famille'" qui suffit à faire une comédie.
Être réaliste, la clé d'une bonne comédie ? "Pour moi oui, et je ne sais pas pourquoi les autres films sont stupides", s'amuse-t-il à dénoncer, "mon prochain film serait peut-être complétement stupide, mais je cherche à me rapprocher des choses les plus réalistes". Il nous tend la perche, questionnons-le alors sur la place de la comédie aujourd'hui aux États-Unis, notamment au travers des Golden Globes qui s'évertuent à discerner comédie et drame. Une belle erreur selon Judd Apatow qui estime que "ce sont des drames légers avec quelques blagues dedans", les films cités n'étant pas "des comédies dures".
Tout porte à croire que la section comique des Golden Globes n'est pas en adéquation avec l'idéal de comédie de Judd Apatow : "Ce n'est pas aux Golden Globes que vous allez trouver une comédie incroyablement drôle à vous en faire rire jusqu'à ne plus en finir ! Sinon des films comme Ted gagneraient". Pour cet amateur du cinéma de Francis Veber, rire reste la clé d'une véritable comédie. Et vu la référence citée par Apatow, on ne doute pas de ses intentions.