Traversée par l'obsession de la chair abîmée, de l'esprit torturé et des corps transformés, la carrière de David Cronenberg trouve une résonance particulièrement saisissante dans le premier essai de son fils, Brandon. Présenté au Festival de Cannes dans la catégorie Un certain regard, Antiviral était l'un des films à ne pas louper, sous peine de rater les premiers pas d'un futur cinéaste incontournable. Et la bande-annonce de cette parabole macabre sur la célébrité - "Les stars ne sont pas des personnes, ce sont des hallucinations de groupe", explique l'un des personnages dans le film - confirme que le fils ne renie pas l'héritage de son père, bien au contraire.
Antiviral se déroule dans un futur proche à Toronto. La mystérieuse Lucas Clinic récolte les souches des virus qui déciment les stars pour les revendre aux fans, emballés par l'idée de mourir de la même manière que leurs idoles. Employé par la société, Syd (Caleb Landry Jones) se lance dans le marché noir, sans se douter des risques qu'il prend. Envoûtante face à Robert Pattinson dans Cosmopolis du père Cronenberg, Sarah Gadon incarne chez le fils l'étrange star malade.
Pas vraiment formé chez son père, Brandon Cronenberg est uniquement crédité comme technicien sur les effets spéciaux du film eXistenZ (1999). Après deux courts-métrages, Antiviral marque ses premiers pas au cinéma, placés dans le sillage des premiers classiques de son père comme Rage (1977), Videodrome (1983) et Crash (1994). L'approche de Brandon Cronenberg est résolument plus clinique et léchée mais elle n'en demeure pas moins obsédée par les mêmes thématiques tordues. Cauchemardesque et cinglante, la première bande-annonce ne laisse aucun doute sur l'intérêt de ce premier film, d'ores et déjà révélateur d'un réalisateur à suivre.
Antiviral n'a pas encore de date de sortie française.