Les Oscars sont-ils en péril ? Il est peut-être un peu tôt pour dire cela de la grand-messe du cinéma américain qui se déroulera le 24 février prochain, mais les controverses se succèdent depuis quelques mois... Dans le cadre d'une refonte destinée à améliorer les audiences télévisuelles de l'événement, l'Académie américaine des arts et des sciences du cinéma a annoncé que la remise de quatre des précieuses statuettes ne serait pas diffusée en direct à la télévision. Le président de l'Académie, John Bailey, a expliqué que ce choix visait notamment à limiter à trois heures la durée de la cérémonie, soit une heure de moins que les précédentes éditions, rapporte l'AFP. Cette décision a provoqué un tollé et la colère de nombreuses personnalités hollywoodiennes – telles que George Clooney, Brad Pitt, Sandra Bullock, Robert De Niro, Emma Stone, Quentin Tarantino, Martin Scorsese et Spike Lee – s'est lue dans une lettre de protestation destinée à l'Académie.
Les Oscars concernés sont ceux de la "meilleure photographie", du "meilleur montage", du "meilleur court métrage de fiction" et des "meilleurs maquillages et coiffures", autant de catégories indispensables. "Reléguer au second plan ces techniques cinématographiques essentielles pour cette 91e cérémonie des prix de l'Académie n'est rien d'autre qu'une insulte à ceux d'entre nous qui ont consacré leur vie et leur passion à cette profession", peut-on lire dans cette tribune.
Spike Lee, en lice dans six catégories pour BlacKkKlansman, a quant à lui profité d'une interview à la télévision américaine pour monter au créneau : "Moi réalisateur, si je me passe de directeur de la photographie, de monteur, de coiffure et de maquillage, il n'y a pas de film." Et s'il ne s'agit que de raccourcir la cérémonie, il a suggéré aux organisateurs de "se débarrasser des numéros musicaux".
Sous le feu des critiques, l'Académie a tenté de calmer le jeu mercredi en écrivant à ses quelque 9 000 membres pour insister sur le fait que les quatre Oscars seraient bien remis sur scène, et que les fans de cinéma pourraient le voir en streaming sur internet. Et surtout que les discours des lauréats seraient diffusés plus tard, en différé.
Cette polémique survient juste après un autre scandale, qui a poussé l'Académie à se passer d'un animateur unique pour son show pour la première fois en trente ans. Début décembre, le comédien Kevin Hart a renoncé à ce rôle après la résurgence de vieux tweets jugés homophobes. Quelques mois auparavant, l'Académie s'était déjà fait remarquer en annonçant la création d'un nouvel Oscar destiné à récompenser les "films populaires". Une tentative maladroite (et avortée) de redresser l'audience de la cérémonie qui en avait révulsé plus d'un à Hollywood.