En septembre 2011, Carly Rae Jepsen, une jeune artiste canadienne, publie son quatrième single intitulé Call Me Maybe. En quelques mois, le titre devient un phénomène mondial, renforcé par un clip malin qui a marqué les esprits. Dans cette vidéo réalisée par Ben Knechtel et tournée dans une rue résidentielle de Langley, près de Vancouver, Carly a une énorme coup de coeur pour son voisin interprété par Holden Nowell, 22 ans à l'époque. Dans une interview publiée le 7 juin 2018 sur le site canadien d'iHEARTradio, ce dernier raconte avoir très mal vécu ce clip et son impact notamment parce qu'il y joue un homosexuel.
C'est pourtant tout l'intérêt du clip : plutôt que de raconter le coup de foudre entre une jeune fille et un très sexy prince charmant, la vidéo de Call Me Maybe joue la carte du malentendu. Elle nous montre Carly défaillir devant la musculature parfaite de son voisin, en faire des tonnes pour le séduire, avant de lui sortir le grand jeu en chantant avec son groupe. Sauf qu'au lieu de donner son numéro à Carly Rae Jepsen, le beau gosse le donne à son bassiste sur lequel il a flashé. Et ça, ce pauvre Holden Nowell, qui rappe sous le nom de SixXx'Tre, n'a toujours pas encaissé : "Le fait qu'ils aient besoin de me rendre gay à la fin du clip... J'veux dire... J'ai pas aimé qu'on reconnaisse comme le gay du clip Call Me Maybe. J'étais pas habitué."
J'ai pas aimé qu'on reconnaisse comme le gay du clip Call Me Maybe
Au départ, son personnage devait carrément embrasser le bassiste de Carly, mais Holden Nowell a refusé et proposé une alternative : "Je leur ai dit : 'Je vais être complètement honnête avec vous. Je ne vais pas embrasser un mec, surtout pour 500 dollars.' Je ne suis pas vraiment à l'aise avec l'idée d'embrasser un mec pour un clip. Je leur ai dit : 'Vous savez quoi ? Et si au lieu d'embrasser le gars à la fin, je lui donnais simplement mon numéro ou un truc dans le genre ?'"
C'est finalement l'idée qui a été retenue et qui, heureusement, permet tout de même à ce retournement de situation innattendu de faire son petit effet. Pour autant, Holden Nowell a mal vécu l'immense succès du clip qui, à ce jour, totalise plus d'1 milliard de visionnage sur Youtube : "Les gens ont commencé à me reconnaître comme le mec de la vidéo et rien d'autre. C'était très difficile et très frustrant. J'étais toujours le mec de Call Me Maybe et après un moment j'en étais malade d'entendre ça. Mon visage était partout. C'était moi en train de tondre la pelouse. Moi en train de réparer la voiture." Lui en train d'embrasser un garçon... Ah ben non (faut pas déconner). "Sérieux, on voyait plus mon visage que le sien." Oui, en plus de ses déclarations douteuses, Holden Nowell n'est pas tendre avec Carly Rae Jepsen : "Je n'ai personnellement rien de positif à dire de Carly Rae. Elle a gagné des prix grâce à cette vidéo et elle ne m'a jamais tendu la main."
Sans doute Nowell est également en colère de n'avoir gagné que 500 dollars (moins de 400 euros) pour cette journée de tournage alors que le clip a été un hit énorme. "Je n'ai jamais touché de royalties. Je ne sais pas qui a encaissé mon argent, mais j'en ai pas vu la couleur."
Dans cette même interview, Holden Nowell raconte avoir arrêté sa carrière de mannequin en raison des prédateurs sexuels qui sévissent dans cette profession (un problème dénoncé par d'autres mannequins, masculins comme féminins) et avoir ensuite enchaîné les petits boulots pour survivre, notamment celui de dealer pendant deux ou trois ans (évidemment). Puis il a rencontré le Christ qui l'a remis sur le droit chemin (ce qui ne l'a pas empêché de divorcer après onze mois de mariage) et il vient de publier son premier album. Le jeune homme, âgé de 29 ans aujourd'hui, n'a pas non plus apprécié les retours sur cette interview pour iHEARTradio et en a posté le lien avec ce message sur Instagram : "J'image que ce que l'on dit vrai : il n'y a pas de mauvaise publicité. Mais mec, c'est moche. Apparemment je suis un narcissique, aigri, homophobe (...) Merci pour le soutien, trou du cul." Les commentaires à son post sont féroces. Un mot revient très, très souvent : "Homophobe !"