Les locaux de Charlie Hebdo dans le XXe arrondissement de Paris ont été incendiés dans la nuit de mardi à mercredi. Une source policière évoque le jet d'un "cocktail molotov". Cet incendie est accompagné d'un piratage du site internet du journal. Peu avant 7h30, la page d'accueil de l'hebdo satirique montrait une photo de la mosquée de La Mecque en plein pèlerinage, avec ce slogan en anglais : "Pas d'autre Dieu qu'Allah." La direction attribue ces attaques à des activistes islamistes. Charlie Hebdo sort en effet ce mercredi un numéro spécial baptisé Charia Hebdo, pour lequel le prophète Mahomet est le "rédacteur en chef", afin de "fêter dignement la victoire du parti islamiste Ennahda en Tunisie et la promesse du CNT que la charia serait la principale source de législation de la Libye".
L'incendie s'est déclaré "aux alentours de 1h00" au 62 boulevard Davout dans le XXe arrondissement de Paris, a appris l'AFP de source policière. Un jet de cocktail molotov pourrait en expliquer l'origine, mais "l'enquête devra le confirmer".
Le médecin urgentiste et chroniqueur Patrick Pelloux a déclaré sur place à l'AFP que le cocktail molotov aurait été lancé "sur la devanture et mis le feu au système informatique". L'incendie a "tout détruit, tout le rez-de-chaussée, où la rédaction est installée, a brûlé". "C'est dramatique, tout est foutu", a regretté Patrick Pelloux.
Charb, le directeur de la rédaction de Charlie Hebdo, précise que "la police [leur] a dit que deux personnes ont été vues en train de partir peu de temps avant le déclenchement de l'incendie". Les dégâts sont très importants : "Si on devait faire un journal aujourd'hui, je ne sais pas si on pourrait le faire (...) Un tiers du journal ne ressemble plus à rien."
Cette attaque intervient quelques jours après l'annonce de la sortie aujourd'hui du numéro spécial déclenchant "sur Twitter, sur Facebook", "pas mal de lettres de protestation, de menaces, d'insultes", ajoute la direction. Des menaces que Charlie Hedbo s'apprêtait à signaler à la police.
Interrogé ce matin sur Europe 1, Jean-Luc Mélenchon, candidat du Front de gauche à la présidentielle, a vivement réagi à cette nouvelle : "Si c'est un incendie volontaire, c'est tout à fait répugnant." Il a rappelé aux auditeurs et au public "la discipline intellectuelle de ne pas confondre une poignée d'imbéciles, d'abrutis qui seront rudement châtiés, je l'espère, avec la masse de nos compatriotes musulmans qui pratiquent leur foi en toute tranquillité".
En 2006, Charlie Hebdo avait reçu des menaces similaires suite à la publication des caricatures de Mahomet. "Mais ce numéro n'a pas la même portée, c'est plus déconnant qu'autre chose", a encore souligné Patrick Pelloux, indiquant que "seule la couverture avait été diffusée au moment de l'incendie, pas le contenu du journal".
De son côté, Christine Boutin (Parti chrétien démocrate) a condamné l'incendie de Charlie Hebdo, signalant que l'église catholique a vu aussi son site piraté ce week-end.
Comme nos confrères, nous nous élevons contre cet acte de violence. Rappelons que nous sommes dans un état laïc, et que la liberté de la presse et d'expression se doivent d'exister dans notre pays !
Il faut saluer notre sympathique confrère, Nicolas Demorand qui vient de poster sur son twitter le message suivant : "Les équipes de Charlie hebdo sont les bienvenues à Libé le temps qu'elles retrouvent des locaux et des ordinateurs. On se serrera!"