Christiane Taubira, Femme de l'année : Face au racisme, elle ''cogne''
Publié le 22 novembre 2013 à 13:06
Par Laurine A.
Christiane Taubira en une du magazine Elle, daté du 22 novembre 2013. Christiane Taubira en une du magazine Elle, daté du 22 novembre 2013.
Christiane Taubira, Garde des Sceaux, à la sortie du Conseil des ministres du 30 octobre 2013 au palais de l'Elysée à Paris.
Christiane Taubira, Garde des Sceaux, à la sortie du Conseil des ministres du 13 novembre 2013 au palais de l'Elysée à Paris.
Christiane Taubira, Garde des Sceaux, à la sortie du Conseil des ministres, le 2 octobre 2013 au palais de l'Elysée à Paris.
Bernard-Henri Lévy et Christiane Taubira à Paris, le 17 novembre 2013.
Christiane Taubira, Garde des Sceaux, à la sortie du Conseil des ministres, le 9 octobre 2013 au palais de l'Elysée à Paris.
Christiane Taubira à Paris, le 17 novembre 2013.
Thierry Repentin, Christiane Taubira et Guillaume Garot à la sortie du Conseil des ministres du 20 novembre 2013 au palais de l'Elysée à Paris.
Christiane Taubira et Manuel Valls à la soirée du nouvel an juif chez Marek Halter à Paris, le 8 septembre 2013.
Cécile Duflot et Christiane Taubira à la sortie du Conseil des ministres, le 13 novembre 2013.
Cécile Duflot et Christiane Taubira à la sortie du Conseil des ministres, le 13 novembre 2013.
Christiane Taubira, Garde des Sceaux, à la sortie du Conseil des Ministres du 6 novembre 2013 à Paris.
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Elle a écrit une page de l'Histoire avec un grand H après avoir mené, tête haute, la bataille pour le mariage pour tous. Victime récemment d'attaques racistes qui ont fait la triste une des journaux – on l'a comparée à plusieurs reprises à une "guenon" -, Christiane Taubira a été quelque peu bousculée mais ne recule devant rien. Et surtout pas la haine. Au contraire, face à l'adversité, la garde des Sceaux redouble de courage et pose même, radieuse, en couverture du magazine Elle qui fait d'elle la Femme de l'année. Une réponse glorieuse aux attaques aussi virulentes qu'inacceptables dont elle a été la cible.

Loin de se poser en victime, face à l'obscurité du racisme, Christiane Taubira a en effet choisi la lumière. "Il m'est arrivé de dire avec ironie que je suscite des sentiments forts, mais j'avoue que je ne m'attendais pas à un telle intensité, confie à la publication la ministre star du gouvernement Hollande. Toutes les marques d'affection, d'amitié, de respect que j'ai reçues au lendemain des attaques dont j'ai été la cible me donnent cependant une énergie considérable. La haine ne pénètre pas."

Hier, jeudi 21 novembre, Christiane Taubira se voyait d'ailleurs remettre une pétition de soutien, baptisée "France, ressaisis-toi !" et signée par quelque 100 000 personnes dont de nombreuses célébrités à l'instar de Jane Birkin ou Josiane Balasko. "Elles sont magnifiques, ces voix, livrait à cette occasion, la ministre de la Justice. Tout cela m'a beaucoup touchée."

Toujours le poing levé

Dans le colonnes de Elle, la ministre de 61 ans constate, alerte, une "désinhibition de la parole raciste" mais montre qu'elle compte bien rester mobilisée contre ce fléau. Pas question en effet de céder au désespoir. Après une carrière politique brillante et surtout bien remplie, Christiane Taubira puise encore et toujours la force de se battre et n'hésite pas à monter sur le ring, galvanisée par ses convictions. "Je cogne, c'est vrai. Et je vois après si j'ai des plaies. Mais je cogne d'abord. Quand je regarde mes plaies, un petit antalgique dessus et c'est bon. À chaque fois que j'ai croisé sur mon chemin le racisme et le sexisme, je les ai écrasés, piétinés."

Ce tempérament de feu, la pétillante sexagénaire le doit à sa mère, qui a élevé seule ses 11 enfants et est, malheureusement disparue, très tôt. "Maman était une figure absolument radieuse, toujours gaie, issue d'un milieu modeste mais possédant une culture incroyable, raconte Christiane Taubira. Quand nous peinions sur nos devoirs, c'est elle qui nous aidait, nous motivait. [...] Elle est morte jeune, à 49 ans, j'en avais 16. J'ai pleuré toutes les larmes de mon corps pendant vingt ans à chaque fois que je pensais à elle, parce que je me disais que je n'avais pas su dire à quel point je l'aimais."

Power girl

De ses plus jeunes années, Christiane Taubira tire une volonté de se faire entendre et de lutter. "Enfant, je ne me laissais déjà pas écraser comme une mouche parce qu'on avait plus de muscles que moi", assure-t-elle. Mais la ministre tient à mettre les choses au clair : "Ce ne sont pas les humiliations qui ont forgé mon caractère et mes engagements, sinon je serais aigrie. Je suis joyeuse, j'aime intensément la vie, assure-t-elle. Voilà ce que ma mère m'a transmis. Elle était d'une totale générosité. Elle n'avait que son seul salaire pour nous élever tous, n'a jamais bénéficié d'aides, mais elle a passé son temps à aider les autres."

La justice et le goût des autres : voilà ce qu'a cherché à transmettre la ministre à ses quatre enfants, même si qu'en tant que maman très occupée (elle a commencé sa carrière dans les années 80), elle n'a pas toujours été à 100% disponible. "Il y a une dizaine d'années, j'ai demandé pardon à mes enfants. Parce que je n'avais pas été une mère assez présente, se souvient Christiane Taubira. Et tous les quatre m'ont dit des choses fabuleuses [comme] 'on a beaucoup appris en te regardant vivre'. Ces paroles m'ont libérée de cette culpabilité qui me rongeait." Aujourd'hui, c'est la France qui apprend.

Retrouvez l'intégralité de l'interview de Christiane Taubira dans le magazine "Elle", aujourd'hui en kiosques.

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