À tout juste 25 ans, Inna Modja sort un premier album longuement mûri. Elle raconte, cette semaine, dans ELLE et en une de Flavor, son parcours atypique : la peinture, l'apprentissage de la musique, l'excision, le mannequinat... Paris !
Fille de diplomates, Inna a 15 ans lorsque le désir de musique se fait plus fort : "J'ai composé mes premières chansons à cette époque... Hélas, je ne suis pas Mozart... J'ai donc dû continuer mon parcours initiatique." L'idée d'Inna est de sortir le premier album de ses rêves, et il lui faudra 10 ans pour mettre en place son identité musicale que l'on retrouve sur Everyday is a new world !
Inna pose sa voix sur une pop ensoleillée qui la place dans la famille des Jack Johnson ou Jason Mraz (un ami). La production de ses chansons, en plus de faire preuve d'une sacrée classe, est assez bien pensée jusqu'aux plus petits détails. La chanteuse compose tout avec son batteur, son "extension", dit-elle dans Flavor : "Le rythme est la base de toute ma musique."
Avant d'en arriver là, Inna a eu plusieurs vies. Elle est devenue mannequin à l'âge de 18 ans. S'est prise de passion pour la peinture et le graff'. Est devenue militante. D'origine malienne, Inna - en vacances dans sa famille et à l'insu de ses parents - a vécu le drame de l'excision : "J'étais plus occidentale qu'africaine. Et je pense qu'une personne a dû dire 'Mais on en train de la perdre cette petite'. Les gens d'un certain âge ne comprennent pas le risque et l'enjeu de l'excision." Inna Modja a enterré ce souvenir dans son inconscient, avant qu'il ne refasse surface à l'âge de 18 ans. Inna est en couple et va donc voir un gynécologue qui remarque tout de suite l'excision : "Je suis sortie effondrée. C'était le moment où je commençais à être mannequin, à construire ma féminité... Dans ma tête, c'était le marasme (...) concrètement je ruinais sciemment toutes mes histoires amoureuses parce que j'avais l'impression de ne pas être une vraie femme et que j'avais peur qu'un compagnon que j'aime me le dise."
Inna découvre alors dans le magazine ELLE qu'un médecin français répare cette blessure faite aux femmes : "J'ai appelé en me disant que même s'il fallait attendre 5 ou 10 ans, pour être réparée, je le ferais." Inna aura un rendez-vous dès la semaine suivante. Elle sera opérée. Restera alitée une dizaine de jours seulement : "J'avais le soutien de mes parents et leur accord... Et hélas ce n'est pas toujours le cas ! Beaucoup de jeunes filles sont obligées de se faire opérer en cachette parce qu'elles ont peur de se faire bannir de leur famille. Tout cela m'a donné envie de militer."
Ce qu'elle fait auprès des autres patientes de son médecin, qu'elle soutient, mais aussi dans un documentaire en 2006 : "En redevenant une femme à part entière je me suis dit que tout était possible. J'ai ressorti mes vieux rêves des cartons, d'où cet album", explique-t-elle dans ELLE. L'optimisme de cet album, sa lumière en sont encore plus remarquable !
Pour tout savoir sur cette chanteuse, rendez-vous sur sa page Myspace. À voir ci-dessus, une vidéo de sa très belle chanson Let's go to Bamako !
Retrouvez, bien sûr, l'intégralité de ces interviews dès aujourd'hui dans Flavor et ELLE.
A.D.