Dans la famille Olsen, nous avions déjà beaucoup de cartes en main. À elles seules, les jumelles Mary-Kate et Ashleyse sont déjà illustrées dans les séries, les téléfilms, la production, l'édition et arpentent désormais les défilés de modeaprès une vingtaine d'années passées à se chercher.
Mais il n'aura fallu que quelques mois pour qu'Elizabeth Olsen parte à la conquête d'Hollywood et s'éloigne de l'aura de ses soeurs. De toute évidence, c'est la cadette de la famille qui tire le mieux son épingle du jeu.
Toute petite déjà, Elizabeth Olsen venait voir ses soeurs aînées sur les plateaux de tournage dont elles étaient les stars. Dans les pages du San Fransisco Chronicle, elle se souvient : "Quand mon frère (Trent Olsen, scénariste) et moi sortions de l'école, c'était notre occupation. On traînait sur les plateaux, alors de temps en temps, on nous proposait de jouer. Pour moi, ça n'a jamais été du travail, c'était bête et amusant."
Après quelques cours de théâtre et une audition ratée pour Spy Kids, Elizabeth Olsen rejoint à 16 ans une prestigieuse troupe de théâtre qui change la donne. Repérée par un agent sur les planches, la toute jeune actrice reçoit le scénario de Martha Marcy May Marlene, un drame indépendant sur une jeune fille qui s'échappe d'une secte et lutte pour ne pas sombrer. Malgré son peu d'expérience, elle est séduite par l'écriture de Sean Durkin, déjà réalisateur du court Mary Last Seen sur le même sujet. À l'écran, Elizabeth Olsen donne la réplique à John Hawkes (Contagion) et Sarah Paulson (The Spirit) :"Même lorsqu'ils n'étaient pas filmés, ils jouaient entièrement. Ils faisaient ça pour moi, pour faciliter mes réactions et mon jeu."
En plus d'être son premier film, Martha Marcy May Marlene (en salles le février 2012) est un tournant décisif. Lors de l'édition 2011 du festival de Sundance, Elizabeth Olsen fait son entrée fracassante sur les écrans de cinéma. Également encensée pour le film d'horreur The Silent House, remake d'un film d'horreur uruguayen tourné en un seul plan, elle vient de fêter ses 22 ans et voit son avenir se dessiner devant elle.
Car les choses s'enchaînent à une vitesse ahurissante. Ce sera d'abord la comédie Peace, love and misunderstanding avec où elle rend visite à une Jane Fonda hippie avec Catherine Keener et Rosanna Arquette, suivie de Red lights, un thriller paranormal de Rodrigo Cortes (Buried) avec Sigourney Weaver et Robert de Niro, et la comédie branchée Liberal Arts réalisée par Josh Radnor (héros de la série How I met your mother) avec Zac Efron.
Aucun des films n'est encore sorti aux Etats-Unis et pourtant, Elizabeth Olsen est déjà annoncée dans Very good girls, un film sombre sur une amitié violente avec Dakota Fanning et Dustin Hoffman, et dans Theresa Raquin, un film fantastique avec Glenn Close. Mais les tapis rouges ne lui font pas perdre la tête: "J'ai été elevée dans l'idée qu'être étudiante était mon premier travail. Depuis, j'ai réalisé à quel point j'étais chanceuse d'avoir eu droit à une bonne éducation, et c'est devenu une priorité d'avoir mon diplôme." Il y a quelques années, elle hésitait même à se lancer dans le cinéma en voyant les médias s'acharner sur les troubles alimentaires de Mary-Kate.
Mais désormais, tous les projecteurs sont braqués sur elle. Dans Marie-Claire, elle fait un premier bilan de sur sa carrière : "J'étais la plus ronde de la famille. J'ai toujours été complexée de ne pas être prise au sérieux. Je n'ai jamais voulu que quelqu'un pense que j'avais utilisé mon nom pour percer." Mais impossible d'échapper au phénomène des soeurs jumelles, notamment lorsqu'on vit dans un campus universitaire : "Les gens venaient frapper à la porte et demandaient s'il y avait bien une fête ici, juste parce que j'étais là. C'était tellement bizarre. C'est la seule fois dans ma vie où je me suis sentie différente parce que mes soeurs sont célèbres."
Si Elizabeth Olsen décroche la nomination aux Oscars pour Martha Marcy May Marlene dont tout le monde parle, ce sont Mary-Kate et Ashley qui devront faire avec une soeur célèbre.
Geoffrey Crété