Cela faisait un moment que nous évoquions ce projet : Jean-François Balmer en Georges Pompidou. Le résultat, visible dans Mort d'un Président ce soir sur France 3, s'annonce bluffant. Balmer redonne vie à ce Président qui a caché ses problèmes de santé jusqu'à son décès en 1974.
C'est le 31 mai 1973 que l'on découvre un Pompidou affaibli en Islande alors qu'il vient à la rencontre de Nixon. Le visage bouffi par la cortisone, il n'y a aucun doute sur son état de santé... mais son entourage professionnel préférait alors relativiser la situation pour ne pas inquiéter l'opinion publique. On apprendra plus tard qu'il ne s'agissait pas de simples "grippes" mais bien de la maladie de Waldenström dont il aurait été atteint depuis la fin des années 60. Et c'est une septicémie qui l'a finalement emporté en 1974.
Si le cas Pompidou a marqué la politique, c'est en raison de la volonté des chefs de l'Etat de rendre publique régulièrement leur bulletin de santé auprès des citoyens, après la mort de Pompidou. Mitterrand s'était même engagé à une totale transparence de ses examens médicaux afin de rassurer l'opinion. Mais il n'a pourtant jamais évoqué la gravité de son cancer de la prostate qui le tua dans les années 90.
Ainsi, le mystère entourant la santé de Georges Pompidou n'est pas resté anecdotique d'où la naissance de ce téléfilm réalisé par Pierre Atkine et dont le premier rôle revient à Jean-François Balmer. Son épouse Claude y est interprétée par Evelyne Buyle, Samuel Labarthe campe Jacques Chirac, André Marcon joue le rôle du conseiller Pierre Juillet et Florence Muller qui joue la conseillère Marie-France Garaud.
Pour Balmer, le secret autour de la santé du président dans les années 70 est intéressant dans la mise en parallèle avec notre société d'aujourd'hui. Dans France-Soir, l'acteur raconte : "Les temps ont changé. Nous sommes dans l'ère de la communication. Aujourd'hui, les hommes politiques me font hurler de rire. Ils sont devenus des machines de guerre et évitent toujours d'aborder les problèmes en noyant le poisson".
Dans Le Parisien, Balmer (qui a déjà incarné Mitterrand au théâtre dans Débat 1974-1981) raconte : "Je suis fasciné par l'idée qu'on puisse vouloir faire ce métier de chien. Il faut croire que le pouvoir secrète des poisons enivrants..." et poursuit dans Télé 7 jours que Pompidou "aimait le pouvoir et ne voulait pas risquer que Mitterrand remporte la présidentielle. Ce même Mitterrand, qui s'était indigné de ce secret d'Etat, a fait de même des années plus tard ! Aujourd'hui, un bouton sur le nez de Sarkozy mériterait une étude détaillée dans les médias". Une analyse intéressante et tellement vraie.
Si ce téléfilm (qui est plus une "inspiration" qu'une fidèle "adaptation") peut susciter un intérêt pour le public, il ne fait pas la joie de l'ex-conseillère Marie-France Garaud. Cette dernière confie sa déception et sa contrariété maîtrisée au site de tvmag.com : "Je le trouve indécent. [...] Pompidou avait de la fonction présidentielle une conception exigeante, marquée précisément par la dignité et le respect absolu de ses responsabilités. Elle détermina la manière dont il assuma cette charge jusqu'à la fin, gardant pour lui, et sans doute pour ses proches, problèmes et souffrances intimes. Cela mérite le respect, pas la commisération."
Un téléfilm qui fait débat. Un débat qui aura toute sa place dans l'émission Ce soir (ou jamais) autour de Frédéric Taddéi.