Quelques jours après la mise en examen de dix suspects dans l'affaire du braquage parisien de Kim Kardashian, de nouveaux détails émergent dans la presse. Après le Journal du dimanche, qui avait révélé le 15 janvier les déclarations officielles de la star de 36 ans aux autorités françaises lors de sa déposition, c'est au tour du journal Libération de faire la lumière sur l'organisation des malfrats responsables de cette agression.
Le quotidien a en effet consulté un rapport de synthèse daté du 12 janvier, un document qui retrace toute l'enquête qui a permis aux autorités de remonter la piste des responsables. "Trois mois d'investigations ou de bourdes", écrivent nos confrères. Pour rappel, cinq hommes avaient fait partie de l'escapade nocturne du 3 octobre 2016. Deux étaient arrivés en voiture (une Peugeot 508 noire), un troisième avait emprunté un bus de nuit et deux autres complices étaient venus à pied jusqu'à l'hôtel où résidait l'épouse de Kanye West. Les trois premiers sont aussi ceux qui avaient enfourchés des vélos à l'issue du braquage, afin de rejoindre plus rapidement la voiture qui était garée à quelques rues de là.
On le sait désormais, les agresseurs de la vedette de télé-réalité américaine sont des "malfrats grisonnants, récidivistes" mais finalement "pas très au point". Après avoir détroussé Kim Kardashian de près de 10 millions d'euros de bijoux, les brigands ont laissé de nombreux indices derrière eux, "peu soucieux de leur anonymat". Sur les images de vidéosurveillance, "ils apparaissent à visage découvert", à tel point que chacun d'entre eux a eu droit à "son portrait souvenir dans le dossier". Comme on le savait, l'un des bijoux du butin a également été retrouvé dans la rue par une passante, qui l'a immédiatement apporté aux policiers. Mieux, "cinq profils ADN se trouvent sur les scellés, que ce soit le rouleau adhésif, le Serflex ou encore la paire de menottes". Parmi eux se trouve celui du cerveau présumé de l'opération, Aomar A.K., 60 ans, dit "Omar le Vieux".
Grâce à l'ADN retrouvé d'Aomar A.K. (les autorités pensent qu'il est le braqueur dont Kim K a décrit des lunettes de vue sous son masque de ski), les enquêteurs sont parvenus à filer les autres responsables en tablant dans son entourage. C'est ainsi qu'ils ont mis la main sur son fils de 30 ans, un chauffeur de VTC domicilié à Créteil. "On ne peut pas dire que ce dernier a pris soin de cacher sa voiture, cette Peugeot 508 noire garée à l'extérieur...", note Libération. Une rapide comparaison a permis de confondre le fils d'Omar le Vieux grâce à ses vêtements, un "costume-cravate" qu'il portait la nuit des faits. Le chauffeur de l'expédition était donc tout trouvé.
Les filatures se sont accompagnées d'un "minutieux travail d'analyse de la téléphonie" autour de "cinq portables de guerre", des téléphones qui ont borné sur le relais du secteur la nuit du braquage. La ligne d'Omar le Vieux était ainsi en relation "avec les quatre autres lignes conspiratrices", ce qui explique pourquoi il est considéré comme "coordinateur de l'opération". Son épouse de 70 ans, Christiane (dite "Cathy"), a quant à elle semblé tenir "le secrétariat criminel" en prenant les "rendez-vous conspiratifs". Grâce aux écoutes des nombreuses lignes téléphoniques d'Omar (pour brouiller les pistes, il en a utilisé dix – chacune dédiée à un interlocuteur différent – en plus de sa principale), les policiers ont mis la main sur une personne connue des fichiers : Didier D., 61 ans, dit "Yeux Bleus". Ce "malfaiteur chevronné", déjà tombé pour une affaire similaire, a été identifié comme le deuxième cycliste, intervenu au côté d'Omar le Vieux dans la chambre de Kim Kardashian.
Puis, c'est "lors d'une filature d'Omar le Vieux dans les rues de Paris" que les enquêteurs ont observé à ses côtés un homme "à la démarche singulière", immédiatement reconnu comme étant le type "boitillant de la vidéosurveillance". Il s'agit de François D., 55 ans, dit "Le Grand", qui a joué le rôle "d'intermédiaire" en présentant au groupe Marceau B., 64 ans, dit "Le Gros". Figure établie du milieu gitan, ce dernier est celui qui était censé assurer la revente du butin grâce à ses liens avec la Belgique.
L'une des dates clés de l'enquête est le 5 décembre, qui marque "une sorte d'apothéose" pour la Brigade de répression du banditisme (BRB). "Le chef de bande" convie quatre des six membres du "commando" pour distribuer une "avance sur butin". Aomar A.K., Didier D. et deux autres hommes se retrouvent dans un café du 12e arrondissement de Paris, "sous le regard des policiers". Ce jour-là, les enquêteurs repèrent parmi les deux inconnus un homme de "forte corpulence" qui leur rappelle une image de vidéosurveillance, "celle du cycliste qui n'a pas brillé par son agilité" en chutant de son vélo. Lorsqu'il repart du café, "sa plaque d'immatriculation est relevée" et mène directement à son identité, Yunice A., 64 ans, connu pour hold-up. Puis le dernier suspect est identifié : il s'agit de Pierre B., 72 ans, dit "Pierrot". Le doyen de la bande, un "beau mec" déjà tombé pour des faits similaires.
Il n'y a pas de cerveau, c'est une structure horizontale, une bande de copains
Après avoir listé tous les suspects grâce aux nombreuses filatures, la BRB est parvenue à remonter jusqu'à un certain Florus H., 44 ans, un gérant de bar bien connu des services de police. Proche du chauffeur de Kim Kardashian (Gary M., 27 ans), "c'est lui qui aurait obtenu le tuyau quant au lieu de résidence de la star et à son emploi du temps", souligne Libération. L'avocat d'Aomar A.K., Me Jean-Yves Liénard, justifie : "Cette histoire-là est avant tout celle d'une information qui ne tombe pas dans l'oreille d'un sourd. Ils ne se comportent pas comme des braqueurs chevronnés, mais comme de simples voleurs, des délinquants d'opportunité."
Après le succès du braquage de Kim Kardashian, les malfrats avaient d'ailleurs prévu un nouveau coup qui devait se dérouler dans un immeuble "bourgeois" du 16e arrondissement de Paris, comme l'ont révélé leurs écoutes téléphoniques. Raté : le 9 janvier, les autorités les interpellaient, les empêchant d'agir à nouveau.
Parmi les dix personnes mises en examen, seules deux ont reconnu leur participation sans dénoncer leurs complices. Il s'agit de Yunice A. et d'Aomar A.K., le prétendu cerveau de l'opération. "Il admet avoir été présent le soir du vol et avoir ficelé Kim Kardashian", détaille son avocat. Toutefois, Omar le Vieux soutient qu'il n'y a pas de "cerveau là-dedans, c'est une structure horizontale, une bande de copains". De son côté, Marceau B. a concédé "s'être rendu en Belgique pour revendre de l'or mais nie tout lien avec le braquage". Les autres sont tous murés dans le silence... Pour le moment.