C'est dans la musique que Lou Doillon a trouvé artistiquement sa place. La fille de Jane Birkin et Jacques Doillon a connu le succès avec son premier album, Places, en 2012, et elle revient avec un nouvel opus, Lay Low. Un deuxième disque nourri de son vécu, elle qui affirme ne pas avoir pu se lancer dans la musique à 18 ans : "Cela n'a pu se mettre en place qu'à partir du moment où j'étais cassée." Des propos qu'elle tient dans Télérama, qui lui consacre sa couverture. Dans son interview pour le magazine, elle explore avec le journaliste ses fêlures et notamment sa relation avec ses parents, ces parents célèbres. Puisque celle avec sa mère a déjà souvent fait l'objet de réflexions, Purepeople commencera, dans un premier temps, par ce qu'elle dit de celle avec son père.
Lou Doillon est la fille du réalisateur Jacques Doillon, à qui l'on doit notamment Ponette. Ses rapports avec son père sont particuliers, dès l'enfance : "Je jalousais mes potes dont les parents rentraient chez eux le soir ravis de retrouver leurs enfants. Moi, c'était le contraire, mon père paraissait rentrer à reculons, comme s'il ne songeait qu'à fuir, à retourner à son projet. Si j'ai voulu être comédienne, c'était avant tout pour le voir à l'endroit où il était bien. Partager ça avec lui." C'est lui qui l'a beaucoup initiée aussi à la musique : "Je devais lui traduire les chansons de Leonard Cohen qu'on écoutait en voiture."
Jacques attend de moi le maximum
De son père, elle a reçu une éducation assez ordinaire : "On n'avait pas de femme de ménage, je prenais le métro, j'allais à l'école publique. Et quand j'enviais ma soeur [Charlotte Gainsbourg], qui vivait dans de super appartements, il me regardait avec dégoût. Il m'a toujours ramenée à la réalité." Jacques Doillon n'était pas le genre de père à prendre des gants pour dire ce qu'il pense : "Sur les dix-huit films que j'ai tournés, il n'en a vu qu'un seul, qui n'était pas de lui ! De mon premier album, il a juste dit : 'Il paraît que c'est bien mais que vu que tu écris en anglais, je ne peux pas comprendre.' Il est tellement raide.... mais ça me plaît bien, parce qu'on pourra toujours me dire des horreurs, ce ne sera jamais pire ! Jacques attend de moi le maximum. Du coup, ça m'a aussi appris à arrêter de chercher à plaire au père, puisque c'est impossible ! (...) Il m'a bien préparée à la vie." De son père, elle tiens l'arrogance de faire les choses pour elle.
Attendue au tournant mais déjà bien accueillie d'après les premiers échos critiques qui devancent son deuxième disque, Lou Doillon avoue ne pas culpabiliser d'avoir du succès : "Je vois assez comment ça affecte mon père, que ses films ne soient pas vus. (...) Quand on me dit que Jacques ne fait que des films d'intello bourgeois, je hurle. Il vient d'un milieu très populaire, son cinéma n'est pas élitiste. Il parle des gens, de leurs problèmes." Ses films, elle les voit petit à petit, et ce n'est pas toujours simple : "J'ai regardé La Vie de famille et Mes séances de lutte avec ma petite soeur Lili, et on n'était pas franchement à l'aise. Mon père, comme ma mère, ont quand même travaillé avec leur intimité. Les films sont tournés dans les maisons où l'on a vécu. Lili hurlait, horrifiée : 'Mais putain ! Ils sont dans ma chambre !' On ne peut pas rester neutre."
Retrouvez l'intégralité de l'interview dans le magazine Télérama du 16 septembre
Lay Low (Barclay), dans les bacs le 9 octobre