Jane Birkin a eu trois filles : Kate, photographe née de son couple avec le compositeur John Barry et brutalement décédée en 2013, Charlotte, enfant qu'elle a eue avec Serge Gainsbourg, et Lou, fruit de son histoire avec le réalisateur Jacques Doillon. C'est cette dernière qui prend la parole dans le magazine Elle dont elle fait la couverture, à l'occasion de la sortie de son nouvel album, Lay Low et notamment du premier single, Where to Start. Un disque qui succède à son opus Places (2012) au succès public et critique flamboyant. Dans son entretien, l'artiste parle de son travail musical, de ce qui nourrit son art et abordera avec franchise son illustre famille qui n'a pas été épargnée par les drames.
Pendant longtemps, Lou Doillon a cherché sa place dans le milieu artistique, mais aussi dans sa propre famille. "Je suis issue d'une dynastie d'artistes et en même temps, je n'en fais pas complètement partie. Ma mère a quitté Serge Gainsbourg pour vivre une histoire d'amour avec Jacques Doillon, mon père, quelqu'un de très réservé, de très discret. Leur relation a été assez paisible, loin des médias, loin de tout ce que ma mère avait connu avec Serge dans les années 1970, cette vie de glamour et de succès, de grande réussite financière. Si bien que j'ai toujours eu l'impression d'être une intruse, une petite bâtarde, qui ne faisait pas partie du cercle royal 'Gainsbourg/Birkin', ne connaissant pas du tout ce qu'a pu vivre Charlotte. Je n'ai pas eu la même mère que Kate ou Charlotte. Ma mère à moi ne se montrait pas dans la presse. Serge était obsédé par le succès, par les médias. Alors que mon père vit à la campagne, se tient en retrait, fait du jardinage et bricole ses films dans son coin, sans un sou."
On a traversé une tempête dont on ne se remettra sans doute jamais.
Lou Doillon ne s'est pas imposée dans le cinéma mais dans la musique et son album Places en est la preuve incontestable. Pour son deuxième disque, elle est évidemment attendue un peu plus au tournant. Le succès change les choses, il a modifié la place qu'elle occupe dans sa famille aussi mais elle rétablit certaines choses : "Mais des événements ont eu lieu qui dépassent infiniment mon album et ma petite personne. A la mort de ma soeur Kate [en décembre 2013], on a traversé une tempête dont on ne se remettra sans doute jamais. Beaucoup de gens m'arrêtaient dans la rue pour dire : 'Moi aussi, j'ai connu un suicide. C'est terrible.'" On soulignera le terme employé par Lou Doillon. Jusqu'à présent, la mort de Kate Barry n'était pas présentée comme un suicide, par pudeur et à cause de la douleur. La chanteuse viendrait-elle de mettre, indirectement, les mots sur le drame ?
Kate Barry, 46 ans, est tombée de son appartement au quatrième étage de son immeuble rue Claude-Chahu dans le 16e arrondissement de Paris. Les secours n'ont pu que constater le décès de la photographe, dont le corps sans vie a été retrouvé dans la cour de l'immeuble. Selon les premiers éléments de l'enquête cités par Le Monde, il pouvait s'agir d'une défenestration ; des antidépresseurs ont été retrouvés dans l'appartement fermé de l'intérieur. L'enquête devait déterminer s'il s'agissait bien d'un accident ou d'un suicide, mais depuis, rien n'a été dit de plus.
Essayer d'être le plus doux et bienveillant avec ceux qu'on aime.
Franche, Lou Doillon se confie avec une liberté totale, en n'idéalisant pas ceux qui l'entourent, ni elle-même. Cela lui vaut de faire polémique parfois, comme lorsqu'elle expose son point de vue sur la féminité et qui est loin de faire l'unanimité. Cela lui permet aussi de montrer sous un autre jour ses proches, loin des fantasmes. Elle racontera ainsi comment son oncle, le frère de sa mère, un aristocrate anglais un peu fou, névrosé et flamboyant, laissait tout faire aux enfants. Jusqu'à ce que son fils meurt dans un accident de voiture : "Nous étions très proches, confie Lou, cela a été un premier choc. Aujourd'hui, avec la mort de Kate, toute cette folie paraît bien triste. (...) Dans ma famille, on a chanté beaucoup de chansons magnifiques qui exaltaient la mélancolie, l'autodestruction. Quand on est confrontée à la mort de sa soeur, tout cela n'a plus rien de séduisant."
Sa priorité, c'est "d'assumer qu'on va tous y passer et d'essayer d'être le plus doux et bienveillant avec ceux qu'on aime". Ses proches ont réagi différemment à la disparition de Kate Barry. Charlotte Gainsbourg est partie vivre à New York avec son compagnon Yvan Attal et leurs trois enfants, Ben, Alice et Joe. Sa mère, souffrant d'une maladie auto-immune, fait comme elle peut. Et elle, Lou Doillon, essaie de protéger son fils Marlowe, 13 ans et se réjouit de la complicité qu'elle a avec ses soeurs Doillon "avec qui ça se passe très bien".
Retrouvez l'intégralité de l'interview dans le magazine Elle du 21 août
Lay Low, nouvel album de Lou Doillon (Barclay Universal) dans les bacs le 9 octobre. En tournée en France à partir du 24 octobre.