Ce fut comme une ola à l'échelle d'une ville. Partie du Goring Hotel, où elle passa sa dernière nuit de célibataire, à 10h51 (heure anglaise), la Rolls Royce Phantom VI transportant Kate Middleton a été accompagnée jusqu'à l'abbaye de Westminster, où attendait déjà le prince William pour leur mariage, par une ovation et une liesse sans commune mesure.
Au 15 Beeston Place, un auvent avait été installé devant le palace cinq étoiles dont la famille Middleton avait réservé l'intégralité des 71 chambres, afin de préserver au maximum le mystère de la robe de mariée sublimant Catherine Middleton pour le jour qui la voit devenir princesse, duchesse de Cambridge, comtesse de Strathearn et baronne Carrickfergus.
Lorsqu'elle s'engouffre dans la Rolls, aidée par son père Michael et sa soeur et témoin Pippa, on devine une longue traîne, une profusion de dentelle, notamment au niveau des manches et du dos. La robe a bien été réalisée par Sarah Burton, créatrice de la griffe Alexander McQueen dont le nom avait été avancé il y a plusieurs semaines et qui avait été repérée au Goring il y a quelques heures.
Sa chevelure, confiée aux bons soins du coiffeur James Pryce et détachée sous son voile, est surmontée d'un diadème. Des rumeurs spéculaient sur l'hypothétique préférence de la mariée pour une couronne de fleurs, mais c'est bien une tiare, apanage des princesses et des reines, qu'elle arbore.
Sur le trajet, Kate Middleton agite la main avec une étonnante énergie. "Frénétique", constate avec amusement Stéphane Bern, aux commentaires sur France 2.
La Rolls Royce Phantom VI s'immobilise devant la porte ouest de l'abbaye de Westminster. Les cloches carillonnent sur Londres, elles continueront pendant trois heures. Kate Middleton, après quelques instants de conciliabule, en descend. Son père Michael dégage la traîne, que saisit Pippa. Un geste très mesuré en direction de la foule, le temps que Michael Middleton la rejoigne pour qu'elle saisisse son bras pour la mener sur le tapis rouge de l'abbaye.
Après des mois d'un suspense insoutenable, on découvre alors pleinement la robe de mariée de Kate Middleton : une robe magnifique de simplicité, de satin blanc et ivoire, fluide, ajustée, évasée en bas pour évoquer une fleur, prolongée en une traîne voluptueuse d'une parfaite proportion (2,70m), marquée par un style années 1950, surmontée d'un voile rebrodé de dentelle au bord, sous lequel on distingue le diadème de la reine mère, datant de 1935. A l'antenne sur France 2, le couturier allemand Karl Lagerfeld commente : "C'est une robe de mariée très raffinée dans le détail, beaucoup plus raffinée que celle de la princesse Diana. Les robes Alexander McQueen sont toujours très habillées. C'est très joli, relativement classique mais ça va dans le décor, avec un petit air années 50 qui rappelle Marilyn ou la robe de mariage d'Elizabeth II."
C'est au son de I am so glad et ses cuivres et choeurs transcendants, imposant air symphonique composé pour le couronnement d'Edouard VII (arrière-arrière-arrière-grand-père de William) en 1902 par Sir Charles Hubert Hastings Parry d'après le psaume 122, que Kate Middleton effectue sa lente procession, majestueuse. Les trois minutes trente, bordées par les paisibles huit charmes et érables de six mètres de haut installés dans l'abbaye de Westminster (pièce phare de la décoration florale signée Shane Connelly), qui la séparent de l'autel où sa vie basculera.
Confiée au prince William, qui l'attendait et, plus tard, passera à son doigt une alliance façonnée par la joaillerie Wartski (qui avait prodigué les alliances de Charles et Camilla en 2005), Kate Middleton entonne avec lui "Guide me, O thou great Redeemer", hymne de William Williams sur une musique de John Hughes, populaire dans le royaume, qui avait été joué aux obsèques de Lady Di. Le morceau, qui avait également retenti lors du dixième anniversaire de la disparition de la princesse du peuple, est chanté en choeur par les 1 900 personnes présentes à Westminster et par le couple, et constitue une manière éloquente de "convier" Diana aux noces du fils aîné né de son mariage avec le prince Charles... Un choix des mariés, dans la ligne de leur volonté d'honorer autant que possible la mère du William.
Quelques minutes plus tard, après l'échange des consentements et le placement de l'alliance au doigt de Catherine Middleton, dans un silence d'une émotion magique, l'archevêque de Cantorbéry Rowan Williams les déclare mari et femme.