Des témoignages insoutenables que la mère de Sophie Lionnet découvre avec effroi devant la cour criminelle de l'Old Bailey, à Londres, où se tient depuis fin mars le procès pour le meurtre de sa fille. Après avoir dressé un portrait glaçant de sa compagne Sabrina Kouider, Ouissem Medouni s'est de nouveau exprimé le 18 avril 2017, racontant les derniers instants de la jeune fille au pair retrouvée morte et brûlée dans le jardin du domicile familial du Sud-Ouest londonien le 19 septembre 2017.
L'homme de 40 ans originaire de Vigneux-sur-Seine (Essonne) a confirmé avoir participé à l'interrogatoire, en partie filmé, qui a été imposé de force à Sophie Lionnet. La jeune Française de 21 ans était accusée par Sabrina Kouider d'avoir comploté avec l'un de ses anciens compagnons et père d'un de ses deux garçons, le fondateur du boys band Boyzone Mark Walton, pour droguer et abuser sexuellement de la famille. Après avoir obtenu les aveux de la jeune fille au pair désespérée, livrés sous la contrainte bien sûr, Ouissem Medouni a confié être allé se coucher, avec l'intention de remettre le témoignage à la police dès le lendemain. Ces aveux n'ont pas suffi à Sabrina Kouider qui n'en est pas restée là, selon les dires de son compagnon. La mère de famille de 35 ans a poursuivi l'interrogatoire seule... jusqu'à causer la mort de Sophie Lionnet.
Ouissem Medouni a ainsi raconté comment sa compagne était venue le réveiller, en panique, aux alentours de 1h30 du matin dans la nuit du 18 au 19 septembre 2017. "Elle disait que Sophie ne respirait pas", a-t-il témoigné. L'ex-analyste de la Société générale s'est alors rendu dans la salle de bain, découvrant la victime allongée dans l'eau du bain, vêtue d'un pyjama rose. Sabrina Kouider "était choquée, elle disait : 'Qu'est-ce que j'ai fait ? Qu'est-ce que j'ai fait ?'" Les yeux de Sophie Lionnet étaient "ouverts" mais elle n'émettait aucun son et ne bougeait pas. L'accusé l'a sortie du bain, allongée dans le salon pour tenter – en vain – de la réanimer. "Je pensais que je pouvais la ressusciter", a-t-il déclaré, sans un regard pour la mère de la victime, très émue. "J'ai essayé, essayé, cela a semblé durer une heure", a-t-il ajouté, précisant que la victime ne présentait pas de blessure au visage et qu'elle n'était pas ensanglantée. Ni lui ni sa compagne n'ont appelé les secours ou la police, dans le but de "protéger les enfants". Ensuite, "je l'ai enveloppée dans un drap blanc et mise sur le lit superposé", dans la chambre des enfants où elle dormait habituellement, a-t-il raconté. Avant de se raviser et de la mettre "dans une valise" de crainte qu'ils ne la découvrent.
Une fois les enfants déposés à l'école, Sabrina Kouider a alors demandé à Ouissem Medouni de se débarrasser du corps, insistant pour qu'il soit brûlé dans le jardin de leur appartement. Après avoir refusé, l'accusé a fini par céder. Pour couvrir l'odeur, il a simultanément fait griller du poulet : "Comme ça les gens penseraient que c'était un barbecue." Pendant ce temps, sa compagne a pris une douche "pour se laver de ses péchés", selon lui. Les pompiers sont toutefois arrivés, alertés par des voisins intrigués par une importante fumée et une "horrible" odeur. Ils ont retrouvé le cadavre carbonisé de Sophie Lionnet dans le jardin du couple. À leur arrivée, Ouissem Medouni a prétendu qu'il s'agissait d'un "mouton" : "Je voulais protéger la famille et moi-même", a-t-il justifié.