Lundi 19 mars 2018 s'est ouvert devant la cour criminelle de l'Old Bailey à Londres le procès de deux Français, Ouissem Medouni, 40 ans, et Sabrina Kouider, 35 ans, pour le meurtre de leur jeune fille au pair, Sophie Lionnet. La victime, 21 ans à peine, a subi de graves maltraitances en raison de l'obsession de Kouider pour son ex Mark Walton, membre fondateur de Boyzone (qui a quitté le groupe après un an) et père de l'un de ses enfants. Le récit de l'accusation fait froid dans le dos. Le couple a pourtant plaidé non coupable.
Comme le rappelle l'AFP, le cadavre calciné de Sophie Lionnet, originaire de Troyes, a été retrouvé le 20 septembre 2017 dans le jardin d'une propriété du Sud-Ouest de la capitale britannique. Lors d'une audience le 12 janvier, ses employeurs ont reconnu avoir voulu faire disparaître son corps mais ont nié l'avoir tué.
Depuis l'ouverture du procès, on apprend ce que Sophie Lionnet a enduré chez ce couple. En premier lieu les abus de Sabrina Kouider, sa paranoïa et son obsession pour Mark Walton. Elle "soupçonnait" sa fille au pair d'être la complice de son ex. Selon l'accusation, Sophie Lionnet a été victime d'une sordide "campagne d'intimidation, de torture et de violence". Pour le procureur, le meurtre de la jeune femme n'était pas un hasard, "pas un accident ou une conséquence involontaire, mais le résultat final d'une violence intentionnelle et continue".
Sophie Lionnet a été torturée, notamment dans la baignoire de ses employeurs. Le procès a révélé que la victime subissait également des interrogatoires, filmés. Les meurtriers présumés l'accusaient d'être une espionne pour le compte de Mark Walton. Sabrina Kouider lui disait qu'elle pouvait "sentir une odeur de sexe" sur elle. Elle l'a accusée de pédophilie, de magie noire et de tentative de meurtre à deux reprises. "Tu as tout détruit. J'essayais de me retrouver", lui disait-elle. Kouider était convaincue que Mark Walton, qui vit à Los Angeles, et Sophie Lionnet avaient drogué toute la maison pour y violer ses habitants.
Le procureur a notamment diffusé un moment clé de ces interrogatoires, celui où Sophie Lionnet est psychologiquement brisée par ses employeurs et reconnaît, dans l'espoir d'être enfin libérée, avoir été la complice de Walton : "La jeune femme apparaît très maigre, le visage émacié, et finit par céder au souhait de ses employeurs en reconnaissant cette soi-disant complicité dont elle est accusée", écrit l'AFP. Le procureur Richard Horwell commente : "Cette confession finale est tout sauf volontaire. Ce sont ses derniers mots. Quelques heures après, la vie lui était enlevée." Ces interrogatoires ont duré pendant six semaines...
Le 20 septembre 2017, les voisins alertent les pompiers en raison d'un feu dans le jardin de Ouissem Medouni et Sabrina Kouider. Il s'agit du corps de Sophie Lionnet. Le couple prétends qu'il s'agit de la "carcasse d'un mouton". L'autopsie n'a, de fait, pas permis de déterminer la cause exacte du décès. On sait en revanche que sa mâchoire était brisée. Depuis, Kouider accuse son compagnon qui a avoué avant de se rétracter.
Durant l'audience et la diffusion des images de sa fille interrogée par ses bourreaux, la mère de Sophie Lionnet a dû quitter la pièce. Ce qu'elle y entendait et voyait était insoutenable. Ce n'est pourtant que le début d'un long combat. Le procès est appelé à durer six semaines. La dépouille n'a de fait pas encore été rendue à sa famille. Les accusés risquent la perpétuité.