C'est une affaire qui a secoué la France entière. En 2012, Jacqueline Sauvage faisait la une des médias après avoir tué son mari Norbert. Un acte qui était la conséquence de quarante-sept ans de violence. Cette mère de famille l'a abattu à coups de fusil avant d'appeler les secours. En 2014 puis en 2015 en appel, Jacqueline Sauvage a été condamnée à dix ans de réclusion criminelle pour ce meurtre. Une fois derrière les barreaux, Jacqueline Sauvage a reçu un soutien sans pareil de la part des Français, ce qui a poussé le président de la République de l'époque, François Hollande, en 2016, à lui accorder une grâce partielle lui permettant une sortie de prison anticipée. Elle a bénéficié d'une grâce totale en décembre de la même année.
Malheureusement, moins de quatre ans plus tard, Jacqueline Sauvage est décédée. Le 23 juillet dernier, elle s'est éteinte à l'âge de 72 ans à son domicile de La Selle-sur-le-Bied (Loiret), où son mari Norbert est mort. Sa disparition a rapidement ému bon nombre de personnalités publiques qui s'étaient mobilisées pour lutter contre les violences conjugales, à l'image de Muriel Robin par exemple, qui l'avait même incarnée dans le téléfilm Jacqueline Sauvage : c'était lui ou moi, en octobre 2018.
Une société qui ne se bouge pas...
Eva Darlan aussi s'est exprimée à ce sujet, elle qui avait présidé le comité de soutien à Jacqueline Sauvage pendant son emprisonnement. Au micro de France Bleue, elle fait part de son grand chagrin, mais aussi de son regret face à l'inaction du gouvernement autour des féminicides. "Je suis très triste de son histoire, je suis très triste qu'elle ne soit plus là maintenant. Je suis très triste qu'elle n'ait pas continué à être dans le calme pendant encore de longues années, profiter de ses filles, de ses petits-enfants et d'une vie de famille paisible. Je suis très très triste de ça, et je suis très en colère, car rien ne change, rien ne bouge", a-t-elle déploré.
Celle qui est devenue "malgré elle un symbole" n'aura finalement, selon Eva Darlan, permis que de faire "des effets d'annonce". "Ça n'a rien résolu : le gouvernement n'a rien cédé, n'a rien donné par la suite. Il y a eu beaucoup de blabla et ça n'a rien changé", dénonce-t-elle, faisant notamment référence à ce projet de loi initié en novembre 2019 sur le port d'un bracelet "anti-rapprochement" pour les conjoints violents. "On attend encore les bracelets électroniques, il n'y a pas d'argent, paraît-il. C'est quoi, ça ? Une société qui ne se bouge pas alors que les femmes sont assassinées, poursuivies, meurtries, battues, rien ne bouge ! Alors oui, je suis en colère, bien sûr."