Elle n'a pas réellement connu la souffrance endurée pendant quarante-sept ans par Jacqueline Sauvage, mais Muriel Robin a compris toute l'ampleur du drame lorsqu'elle l'a incarnée durant de longs mois, pour le tournage du téléfilm Jacqueline Sauvauge : c'était lui ou moi diffusée en octobre 2018 sur TF1 et réalisé par Yves Rénier. Alors quand la comédienne a appris que celle dont elle a porté la terrible histoire à la télé est décédée le 23 juillet 2020, à son domicile de La Selle-sur-le-Bied, dans le Loiret, elle n'a pas tardé à réagir. Jacqueline Sauvage s'est éteinte à l'âge de 72 ans, dans la ville où elle a tué son mari, Norbert Marot, en septembre 2012.
Se confiant à Europe 1 dans l'après-midi du mercredi 29 juillet 2020, Muriel Robin a rappelé combien l'affaire Jacqueline Sauvage avait fait bouger les choses. Pour autant, l'État n'alloue pas encore assez de fonds pour les violences faites aux femmes, a estimé l'humoriste et comédienne de 64 ans. Affirmant que la "souffrance" de Jacqueline Sauvage "ne servira pas à rien", Muriel Robin a déploré que "l'alerte ne soit pas entendue" alors que "plus de 300 femmes" meurent chaque année en France à cause des violences conjugales.
La mort de Jacqueline Sauvage l'a forcément replongée dans le tournage difficile du téléfilm. La violence subie par Jacqueline Sauvage, "je l'ai approchée de très près", a-t-elle témoigné. "C'était insoutenable pour moi, pour l'équipe. Un silence de mort après chaque prise, et c'était en faux..., a confié Muriel Robin, émue. On peut donc imaginer en vrai... Mais on a mis quand même le doigt et le coeur sur la souffrance qu'elle pouvait ressentir."
"Des Jacqueline Sauvage, il y en a plein en France et dans le monde, et on ne fait pas assez pour elles !", s'est emportée l'actrice. On demande 1 milliard, on ne nous le donne pas", poursuit-elle, ajoutant que l'État n'hésite en revanche pas à donner des milliards à Renault. "Là, ce sont des cadavres ! Qui les aura sur la conscience ?"
Jacqueline Sauvage avait été condamnée à dix ans de prison de réclusion criminelle en 2014 et 2015, pour le meurtre de son mari. En janvier 2016, François Hollande, alors président de la République, lui avait accordé une grâce partielle lui permettant une sortie de prison anticipée alors que sa condamnation prévoyait une période de sûreté incompressible de cinq ans. L'ancien chef de l'État avait fini par lui accorder une grâce totale en décembre de la même année.
Jacqueline Sauvage a toujours été soutenue par ses trois filles. Son fils, Pascal, s'était quant à lui donné la mort quelques heures avant que sa mère ne tue son père. Ce dernier ne supportait plus l'ambiance de terreur que faisait régner son père depuis de trop longues années.