Près d'une semaine après l'annonce de son décès, se sont tenues les obsèques de la romancière et journaliste Maryse Wolinski. Ce 15 décembre 2021, ses proches se sont en effet réunis à Paris, en l'église Saint Eustache, pour une messe hommage. Celle qui était l'épouse du dessinateur Georges Wolinski, tué dans l'attentat contre Charlie Hebdo en 2015, est décédée le 9 décembre dernier à l'âge de 78 ans, d'un cancer au poumon.
Elsa Wolinski, la fille de Maryse et Georges Wolinski, était bien sûr présente. Pour cette éprouvante journée, la journaliste et écrivaine de 48 ans était accompagnée de ses deux filles, Lila et Bianca. Laurent Sourisseau (dit Riss), le caricaturiste et directeur de publication de Charlie Hebdo, était lui aussi présent, tout comme André Manoukian. Auprès du JDD, Elsa Wolinski avait confié que la chanson de Serge Reggiani Ma liberté sera jouée. "C'est son choix et ça symbolise les combats de sa vie." Après la messe, les obsèques se sont poursuivies mercredi matin avec l'inhumation au cimetière du Montparnasse.
Originaire du Lot-et-Garonne, Maryse Bachère (Wolinski) était née à Alger. Après une carrière dans la presse, en commençant par Sud-Ouest à Bordeaux et en passant par le JDD, Elle ou Le Monde-Dimanche, elle s'était consacrée à la littérature. "C'est en 1988 qu'elle s'impose comme romancière à part entière, avec Au diable Vauvert, son premier roman, paru chez Flammarion : l'intimité et le secret, la vie de famille, l'amour (ou le désamour) dans le couple, autant de thèmes qui formeront la matière de ses romans ultérieurs", a souligné la maison d'édition le Seuil dans un communiqué. Maryse Wolinski "fut aussi très attentive aux mouvements féministes et à la place des femmes dans la société". Suivent des succès comme Le Maître d'amour (1992), Lettre ouverte aux hommes qui n'ont rien compris aux femmes (1993) ou La Femme qui aimait les hommes (1998).
Suite à leur rencontre dans les couloirs de la rédaction du Journal Du Dimanche en 1968, Maryse et Georges Wolinski sont restés mariés durant 43 ans, jusqu'au décès du dessinateur lors des attentats de 2015. Après la mort de son mari, elle lui a consacré trois livres publiés par le Seuil : Chérie, je vais à Charlie (2016), Le goût de la belle vie (2018), et Au risque de la vie (2020). Elle avait évoqué pour la première fois son cancer du poumon alors qu'elle assurait la promotion de ce dernier ouvrage.
Organiser ton enterrement c'est comme organiser une fête triste
Particulièrement active sur Instagram, Elsa Wolinski a partagé plusieurs messages depuis le décès de sa mère, qu'elle appelait, non pas "maman", mais Maryse, depuis le meurtre de son père. "Maryse est décédée ce matin à 10h15, a-t-elle d'abord écrit le 9 décembre. Elle était très belle. Je lui ai apporté sa jolie robe verte qu'elle souhaitait (...). Je lui ai chatouillé les pieds pour voir si elle ne me faisait pas une blague. Mais Maryse c'était pas son truc les blagues."
Toujours avec sincérité et humour, elle a alors ajouté : "Sa mort a été tellement longue que hier soir j'ai dit à Wolinski : 'Maintenant ça suffit, tu récupères ta femme. Et vous me laissez tranquille'. Ce soir je ne peux pas dire que je suis libre parce que ça ne se dit pas mais je suis libre avec un grand vide (...). Je finirai en disant que je n'ai pas perdu une Maryse mais une maman."
Lundi, elle avait également confié : "Organiser ton enterrement c'est comme organiser une fête triste (...). Tu as demandé que ce soit moi qui ferme ton cercueil. Mes soeurs [Frederica et Natacha, les filles de Georges Wolinski nées d'un premier mariage, NDLR] m'ont dit que je n'étais pas obligé. Mais je vais aller t'embrasser une dernière fois et vérifier que tu ne t'es pas déjà envolée."