Le 1er octobre dernier, aux Arènes de l'Agora à Evry, le chanteur Renaud faisait son retour sur scène. Avant d'entonner la chanson Hyper Cacher en mémoire aux victimes juives tombées sous les balles du terrorisme le 9 janvier 2015, l'artiste a tenu à régler visiblement ses comptes sur scène : "Je préfère écrire des chansons sur des vérités qui dérangent plutôt que sur des mensonges qui font sourire. Cette chanson, je la dédie à la connasse du Nouvel Obs".
Une injure faisant référence à une polémique remontant à une dizaine années. En 2006, notre consoeur de l'Obs Sophie Delassein écrivait un article sur un recueil de manuscrits du chanteur. Elle y avait fait part de son malaise à la découverte d'une croix gammée griffonnée sur la page de l'un d'entre eux et avait demandé par mail à Renaud pourquoi il avait conservé cette "tache", cet "immondice". La vedette s'était alors défendue d'être antisémite, menaçant la journaliste de la traîner en justice si celle-ci venait à nuire à son image.
Dans une lettre ouverte sur le site de l'hebdomadaire, la journaliste, qui qualifie l'insulte d'"indigne, choquante, inélégante", n'hésite pas à tacler l'interprète de Mistral Gagnant : "Ah ! votre image ! Comme si j'avais titillé une âme mal à l'aise avec un passé pesant, oppressant, honteux. Un passé qui, s'il resurgissait publiquement ferait scandale et salirait cette belle image d'anarcho-mitterrandiste, d'humaniste de gauche, d'arbitre intransigeant entre le bien et le mal. Fils et petit-fils de collabo, c'est lourd à porter, je veux bien le croire. Vous l'expliquez d'ailleurs très clairement dans votre autobiographie [Comme un enfant perdu, XO Editions]. Ce passé vous appartient, à vous et à ceux de votre famille qui portent le nom Séchan."
Certaine que la dédicace insultante rythmera la tournée du chanteur, Sophie Delassain l'assène d'une ultime phrase cinglante : "Votre longue tournée va se poursuivre. Alors, plutôt que de me traiter tous les soirs de 'connasse' devant une foule d'avance conquise, une foule éprise, je vous invite à venir me le dire en face que je suis une 'connasse'. Bien en face, Renaud. Un peu de courage. Venez."
Stéphanie Laskar