L'affaire avait fait grand bruit et même fait voler l'équilibre d'une famille en éclat : celle de Paul Pogba, séquestré et cible d'une tentative d'extorsion. Deux juges d'instruction parisiennes avaient ordonné en septembre dernier le renvoi devant le tribunal correctionnel de six connaissances et proches de Paul Pogba, dont son frère Mathias, après deux ans d'investigations sur la séquestration et l'extorsion du footballeur en 2022.
Cinq de ces proches sont soupçonnés d'avoir organisé une réunion en banlieue parisienne le 19 mars 2022 pour contraindre le joueur à les aider financièrement, au nom de leur amitié ancienne. A cette occasion, l'ex-international, depuis suspendu quatre ans pour dopage, avait été séquestré et braqué par deux hommes qui lui réclamaient 13 millions d'euros. Les deux juges ont estimé qu'il "ne s'agissait pas, comme certains des mis en examen ont pu le soutenir, d'une simple réunion 'amicale' mais bien de faits relevant de la loi pénale".
Mathias, absent cette nuit-là et qui a découvert la séquestration a posteriori, est lui soupçonné d'avoir "commis des pressions contre son frère Paul et contre sa famille afin de s'assurer du paiement de la somme de 13 millions d'euros". Durant l'enquête, Mathias avait assuré avoir eu peur pour sa sécurité et celle de ses proches, puis indiqué aux juges en janvier avoir été manipulé, telle une "marionnette", par les autres suspects. Si cette somme n'a jamais été transférée, les juges ont établi des remises de fonds et de valeurs par Paul Pogba à destination des cinq proches, pour un montant total évalué à près de 250.000 euros. Ce 4 décembre, trois ans de prison, dont deux avec sursis, ont été requis contre Mathias, lequel était jugé devant le tribunal correctionnel de Paris. Celui-ci a demandé que la peine d'un an ferme soit aménagée sous bracelet électronique. Il a également requis une amende de 10 000 euros à son encontre, pour avoir participé à la tentative d'extorsion et pour avoir exercé de nombreuses pressions sur le footballeur et ses proches afin d'obtenir ce paiement.
Durant l'enquête, les mis en examen ont développé "une position commune", selon les juges, en "se prétendant victimes eux-mêmes des faits dont Paul Pogba est victime" en subissant "pressions et agressions" des deux hommes armés désignés comme commanditaires et qui n'ont jamais été identifiés. Les trois amis d'enfance et les deux anciennes connaissances du quartier où les Pogba ont grandi, à Roissy-en-Brie (Seine-et-Marne), seront donc jugés principalement pour extorsion, séquestration et association de malfaiteurs délictuelle. L'un de ces hommes est en détention provisoire.