A l'instar de Jean-Pierre Mocky qui affiche sa tristesse et son amour pour Stéphane Audran, bon nombre d'hommes ont succombé aux charmes de cette grande actrice. Quelques heures après l'annonce de la mort de Stéphane Audran, Mocky – qui l'avait dirigée en 1988 dans Les Saisons du plaisir – se confiait à France Info sur cette femme qui l'a lui aussi fasciné. "Au début de sa carrière, quand elle a rencontré Claude Chabrol, c'était à l'époque du magazine des Cahiers du Cinéma et tous ces hommes - de Jean-Luc Godard en passant par François Truffaut à Claude Chabrol - étaient tous, plus ou moins, amoureux de Stéphane Audran. Parce qu'elle représentait pour eux une figure du cinéma" raconte-t-il, en dépeignant une femme qui "avait un côté star, un côté star américaine un peu". "Il y avait une rivalité entre plusieurs metteurs en scène qui voulaient l'avoir, qui voulaient être avec elle" assure même l'intéressé, "et finalement Claude Chabrol a gagné". Selon Mocky, "elle aurait dû avoir une plus grande carrière mais, sa liaison avec Claude Chabrol l'a un peu paralysée".
Avant Chabrol, il y a eu un autre homme qui a compté dans la vie romantique comme professionnelle de la jeune actrice qu'elle était alors : Jean-Louis Trintignant. C'est au cours Dullin, à Paris, où il se forme au métier d'acteur, que Jean-Louis Trintignant rencontre, séduit puis épouse Colette Dacheville qui ne s'appelle pas encore Stéphane Audran. Leurs noces, célébrées le 18 novembre 1954 à Vincennes, voleront hélas et rapidement en éclat, lorsque Trintignant rencontre une certaine Brigitte Bardot, sur le tournage du film Et Dieu créa la femme, en 1956. Ce rapprochement, sulfureux, fera péricliter un autre couple, celui formé par BB et son réalisateur, Roger Vadim.
Stéphane Audran ne lui en voudra pas, puisque les deux acteurs se retrouveront trois fois au cinéma : en 1968 dans Les Biches, en 1971 dans Sans mobile apparent et en 1982 dans Boulevard des assassins. Pour la petite anecdote, le film Les Biches était dirigé par... Claude Chabrol. Et dans ce dernier y figurait de nombreuses scènes d'amour, parfois très érotiques. Trintignant n'a jamais caché son malaise devant cette situation...
Au moment de ce premier divorce, la carrière de Stéphane Audran est lancée, d'abord au théâtre, avec La tragédie des Albigeois de Maurice Clavel et Jacques Panijel en 1955, puis au cinéma...
En 1958, elle fait en effet une rencontre déterminante avec un réalisateur qui la fascine : Claude Chabrol. Elle veut absolument tourner avec lui, alors que ce dernier vient de connaître un joli succès avec Le Beau Serge. Chabrol lui donne un petit rôle dans Les Cousins et tombe éperdument amoureux de celle qui s'imposera, telle une évidence, comme sa muse et son actrice fétiche. Sauf que Chabrol est alors marié avec Agnès Goute, avec qui il a eu deux fils. Cela ne l'empêche pas de vivre en concubinage avec Stéphane Audran jusqu'à son divorce et son remariage avec son actrice, l'année qui a suivi la naissance de leur seul fils, Thomas.
Stéphane Audran et Claude Chabrol tourneront ensemble 24 longs métrages ainsi qu'un téléfilm, y compris après leur séparation en 1980 lorsque Chabrol la quitte pour sa scripte depuis 1968, Aurore Pajot. Le réalisateur, décédé en 2010, aimait raconter que c'est son ex-femme qui l'avait poussé dans les bras de sa scripte, notamment pendant le tournage de La Décade prodigieuse dans lequel joue Orson Welles et Anthony Perkins. Invitée à l'anniversaire de son mari mais n'ayant pu s'y rendre, elle aurait dit à Chabrol qu'il pourrait aller se consoler avec sa scripte. Mais au fur et à mesure, l'amitié entre la scripte et le metteur en scène se serait muée en histoire d'amour. Stéphane Audran, invitée en 2009 sur le plateau d'On n'est pas couché, avait réfuté l'anecdote.