C'est l'une des images fortes de ce Tour de France 2015. Peu connu du grand public, William Bonnet se fait malheureusement remarquer avec une terrible chute entraînant d'autres coureurs lors de la 3e étape entre Anvers et Huy. Résultat ? Abandon pour le cycliste de la FDJ, mais surtout de grosses blessures aux cervicales et une opération. Un mois après, il donne quelques nouvelles et revient sur cet instant où tout a basculé dans L'Equipe.
"Ma tête ne tenait plus"
Malgré un impressionnant corset et des vacances gâchées, William Bonnet garde le moral. Plusieurs semaines après son terrible accident, le coureur de 33 ans sait qu'il a échappé au pire et se remet doucement chez lui, entouré de sa femme et de ses trois garçons. Comme chez Laurent Jalabert, victime d'une chute extrêmement violente il y a des années, le souvenir de cette glissade, qui lui a brisé une cervicale et fissuré deux dorsales, est toutefois toujours là. "Je me rappelle de tout, explique-t-il. Quand je me suis immobilisé, j'ai voulu me relever et je sentais que ma tête ne tenait plus, j'étais obligé de la soutenir avec ma main", se rappelle celui qui ne s'était jamais rien cassé auparavant.
Obligé d'abandonner, William Bonnet, qui pense ne pas avoir été pris en charge correctement par les médecins juste après sa chute, se retrouve à l'hôpital de Huy puis à la Pitié-Salpêtrière à Paris, pour une opération. "J'ai une plaque en titane dans le cou, qu'on ne me retirera pas (...) On m'a prélevé un morceau d'os du côté de la hanche pour refaire la cervicale brisée", explique le coureur, qui a encore le côté droit de la bouche et la langue un peu paralysés.
"Je ne suis pas passé loin de la catastrophe"
A l'hôpital, le coureur de la FDJ a suivi toutes les étapes du Tour à la télé, mais a également revu sa chute. "Ça a duré une fraction de seconde, et quand j'ai redressé la tête, j'ai vu un Giant qui me passait devant. Sa roue arrière a emmené ma roue avant, et je suis parti (...) Je me suis pris les autres, qui sont venus me taper dans le dos. Et c'est là que ça fait mal. En glissant, j'ai ralenti et on voit sur les images que quand les autres me percutent, je reprends de la vitesse", dit-il.
C'est là que William Bonnet (33 ans), qui a subi un contrôle anti-dopage chez lui récemment, malgré ses blessures, a compris à quel point l'accident aurait pu être plus grave. "Je ne suis pas passé loin de la catastrophe (...) Ce qui m'a fait réfléchir, c'est plutôt ce qui aurait pu se produire que ce qui s'est produit. Ça aurait pu être plus grave", estime le lieutenant de Thibaut Pinot à la FDJ, évoquant quelque chose de "pire" qu'une paralysie.
Un retour motivé par ses enfants
Les médecins estimant qu'il n'y aura pas de séquelles, William Bonnet pense déjà à reprendre la compétition. Malgré quelques hésitations, au vu des conséquences dramatiques qu'auraient pu avoir son accident, ce sont notamment ses trois garçons qui l'ont convaincu. "Je voulais savoir comment allaient réagir mes enfants. Ils m'ont demandé quand j'allais repartir en course, alors je me suis dit que ça allait pour eux", raconte le père de famille, obligé d'acheter une piscine gonflable pour la maison après l'annulation forcée des vacances. En octobre, William Bonnet pourrait donc enlever son corset avant la rééducation et le retour sur les routes, maillot de la FDJ sur le dos. Pour son plus grand bonheur et celui de ses enfants...