Biographie
- Naissance : 21 janvier 1941
- Âge : 83 ans
- Signe astrologique : Verseau
- Résidence : Etats-Unis
Il était le ténor le plus emblématique, mais il a dû interrompre sa carrière au bout de cinquante ans, empêtré dans des accusations de comportement déplacé. Placido Domingo n'en reste pas moins un artiste phénomène.
José Placido Domingo Embil naît à Madrid, en Espagne, le 21 janvier 1941. Son père et sa mère sont tous deux chanteurs de zarzuela, un genre théâtral lyrique typiquement espagnol, né au XVIIe siècle. La famille s'installe à Mexico en 1949, où ses parents montent une compagnie de zarzuela à la suite d'une tournée à succès en Amérique latine. Il chante souvent dans des productions de sa famille et apprend le piano et la technique vocale au conservatoire local. Très jeune, il commence une carrière semi-professionnelle, parfois dans des rôles de ténor, mais le plus souvent dans ceux de baryton, un registre dans lequel il se sent plus à l'aise.
En 1959, il a 18 ans tout juste quand il est auditionné à l'Opéra National de Mexico en tant que baryton. Mais on lui trouve une voix de ténor, et c'est dans cet emploi qu'il est engagé, ainsi que dans celui de tuteur pour les autres chanteurs, tant sa technique est déjà avancée.
Il démarre sa carrière dans un petit rôle du Rigoletto de Verdi en septembre 1959. Puis il chante le Dialogue des Carmélites, Turandot, Lucia di Lammermoor, La Veuve Joyeuse, et en 1962 fait ses débuts dans Othello, à 21 ans. Mais pas dans le rôle-titre, qui lui vaudra sa gloire un peu plus tard. Pour compléter son revenu, il joue du piano pour une compagnie de danse et pour une émission de télévision. Il joue aussi quelques rôles au théâtre et chante même dans les choeurs d'un groupe de rock local !
En 1961, il a fait ses débuts dans un premier rôle à l'opéra, dans La Traviata, donné au théâtre de Monterrey, puis débute aux Etats-Unis à Dallas, au Texas. Il retourne chanter plusieurs opéras aux Etats-Unis en 1962, puis signe un contrat de six mois avec l'Opéra National d'Israël à Tel Aviv, où il va rester en fait deux ans et demi et chanter douze rôles différents dans 280 représentations. Ce contrat terminé, il auditionne en 1965 pour l'opéra de New York, où il est engagé et débute dans Carmen de Bizet, après avoir remplacé au pied levé un ténor dans Madame Butterfly. En février 1966, il chante Don Rodrigo et se voit couvert de louanges par la critique new-yorkaise. A la fin 1968, il débute au Metropolitan Opera dans Adriana Lecouvreur. Depuis, il a ouvert la saison au Metropolitan 21 fois, plus que quiconque, dépassant même le record de Caruso. Il se produit aussi au State Opera de Vienne, en Autriche, au Lyric Opera de Chicago, à la Scala de Milan, à l'Opéra de San Francisco, à Covent Garden à Londres et dans tous les grands théâtres dédiés à l'opéra à travers le monde. Il chante également dans les grands festivals, comme celui de Salzbourg. Musicien accompli, il commence en parallèle à diriger des opéras, comme chef d'orchestre et de choeur, et tient aussi ce rôle, sur disque, à partir de 1973.
Dans les années 80, sa notoriété continue de grandir et dépasse même les frontières de l'opéra quand il enregistre en 1981 un duo avec John Denver, un chanteur de folk et de rock célèbre aux Etats-Unis. Au fil du temps, il va de plus en plus s'exprimer dans la musique populaire et latine, sans bien sûr s'éloigner trop de l'opéra, dont il est désormais la star mondiale numéro un. Cette diversification lui permet en outre d'apparaître à la télévision dans des programmes de variété. En 1982, il chante La Traviata pour le cinéma, sa première expérience du genre, pour un film qui sort en salles, sous la direction de Franco Zefirelli. Puis il joue au cinéma dans Carmen (1984), filmé par Francesco Rosi, avant de retrouver Zefirelli pour une version filmée d'Othello. Ces escapades dans l'opéra pour le cinéma ne l'éloignent jamais des théâtres, où il poursuit sa carrière de ténor vedette, à travers le monde. Il est même connu pour être une formidable "roue de secours", parcourant la planète pour remplacer au pied levé des ténors malades ou en rupture de contrat. Il maîtrise tellement parfaitement le répertoire qu'il n'a pas besoin de répétitions. L'opéra fournit peu de véritables stars, mais lui en est une, sans conteste.
En 1985, le tremblement de terre de Mexico compte plusieurs membres de sa famille parmi les victimes, le ténor va alors s'impliquer personnellement dans les recherches et sauvetages et ensuite donner de nombreux concerts de soutien aux victimes. En 1986, il chante lors d'un gala spécial pour la reine Elizabeth II, ainsi que pour la première de Goya, un opéra composé pour lui par Gian Carlo Menotti.
Tout au long des années 1990 et 2000, il poursuit sa brillante carrière, ajoutant toujours plus de rôles à son répertoire. Il s'attaque au répertoire wagnérien, délaissant un peu son territoire de l'opéra français et italien. Il débute aussi dans Mozart, en 1994, au Metropolitan, et s'essaye au répertoire russe avec Tchaikovsky. Il va ensuite, au cours des années 2000, donner ses dernières représentations dans nombre de rôles qui l'ont rendu célèbre, pour se concentrer sur un nouveau répertoire, incluant plusieurs opéras modernes.
Sa participation au concert des Trois Ténors, avec José Carreras et Luciano Pavarotti, à l'occasion de la finale de la Coupe du monde de football de 1990, sera réitérée plusieurs fois, pour d'autres finales de Coupes du monde et enregistrée sur un disque vendu à plus de trois millions d'exemplaires rien qu'aux Etats-Unis, remportant en outre un Grammy Award et plusieurs disques de platine dans divers pays. Lui-même supporter acharné du Real Madrid et amateur de sport en général, il a aussi chanté pour la clôture des Jeux olympiques de Pékin et de Barcelone. Il a chanté pour des papes et pour le peuple, aux obsèques de Ted Kennedy, dirigé des compagnies, assumé la direction artistique des opéras de Washington et de Los Angeles, et continué, inlassablement, à promouvoir l'opéra classique sur les scènes consacrées à cet art.
En 1957, à 16 ans, il épouse une camarde étudiante, Ana Maria Guerra Cué, dont il a eu en 1958 un fils, José Placido Domingo Guerra, devenu photographe. Le couple se sépare rapidement, il épouse en suite Marta Ornelas en 1962, une soprano lyrique de Veracruz, au Mexique. Elle abandonne sa carrière prometteuse pour se consacrer à sa famille, leurs deux fils Placido Francisco (1965) et Alvara Maurizio (1968).
En 2019, il a été accusé par neuf femmes, chanteuses et danseuses, de harcèlement sexuel dans divers incidents depuis 1980, dans des configurations où il était en position de pouvoir. La presse évoquera plusieurs douzaines de victimes de ses avances, qui dans le milieu étaient un secret de polichinelle. Il s'en est défendu, de façon maladroite, se défaussant sur les us et coutumes anciennes, qui n'avaient ensuite plus cours. En septembre 2019, le Metropolitan Opera annonce qu'à la lumière de ces accusations, il cesse toute relation avec le ténor, et l'Opéra de Los Angeles prend la même décision. En 2020, année où il fait partie des victimes du coronavirus, il maintient catégoriquement ses dénégations.