Il ne quitte décidément jamais les plateaux de tournage ! Omniprésent sur grand écran en 2022, année durant laquelle il a collaboré avec Rebecca Zlotowski ou Gad Elmaleh, Roschdy Zem est de retour en salles dans Le Principal de Chad Chenouga, dans le rôle de Sabri. Le comédien avait encore récemment brillé en incarnant un truand au grand coeur dans l'hilarant L'innocent de Louis Garrel... le voilà père de famille, dans la peau d'un principal adjoint d'un collège de quartier. À l'aide de tels grands écarts, tout ce qu'il touche se change en or. Mais l'acteur n'a pas toujours eu droit à la confiance qu'il mérite dans le monde du septième art.
Aujourd'hui, je suis encore en colère
Alors qu'il approchait la trentaine, Roschdy Zem a effectivement dû affronter une situation intolérable, à la suite de laquelle il a tout remis en question. L'acteur avait été engagé pour jouer dans un blockbuster, mais il avait été viré quinze jours avant le début du tournage, d'un simple coup de fil de la part du réalisateur lui indiquant : "On a un problème, l'actrice principale ne veut pas partager l'affiche avec un Arabe". "Aujourd'hui, je suis encore en colère contre lui, et triste pour elle, explique-t-il dans les colonnes du journal Libération. Mais à l'époque je me sentais humilité." L'identité de la personne ? Un mystère.
Papa de Nina et Chad, désormais de jeunes adultes, qu'il a eu avec Nicole - psychologue de profession -, Roschdy Zem craint fatalement que l'histoire se répète pour eux. Il remarque, toutefois, une sorte d'évolution dans la société, ou au moins dans sa carrière - brillante ! - au cinéma. "On me propose des personnages plus complexes, aux parcours plus nuancés, souligne-t-il. On n'est plus dans le politiquement correct dès qu'il s'agit de donner un rôle à un enfant de l'immigration. Le danger qui nous guettait, c'était d'avoir à être systématiquement exemplaires et je trouvais que c'était une vraie forme de condescendance de nous interdire des rôles border."
Pour celui qui a remporté de façon collective le prix d'interprétation masculine à Cannes en 2006 Pour Indigènes, et en février 2020, le César du meilleur acteur pour son rôle du commissaire Daoud dans le film Roubaix, une lumière d'Arnaud Depleschin, c'est une belle revanche.
Retrouvez l'interview intégrale de Roschdy Zem dans le journal Libération du mardi 9 mai 2023.