Il est sans conteste l'un des plus grands artistes contemporains. Philosophe, photographe, mais surtout auteur et réalisateur de chefs-d'oeuvres absolus du septième art, Terrence Malick, 67 ans, sera bientôt de retour, après un long et insoutenable silence, comme il nous y habitue entre chaque film depuis maintenant trente-cinq ans...
Le cinéaste américain - l'un des plus mystérieux de ces dernières décennies - avait démarré sa carrière en 1973 avec le remarquable Badlands (La Ballade Sauvage), mettant en scène les jeunes (à l'époque) Martin Sheen et Sissy Spacek, pour un road movie sublime, fou et passionné parsemé de cadavres.
En 1978, le metteur en scène signait le magnifique Days of Heaven (Les moissons du ciel), sublimé par la photo incroyable de Nestor Almendros, le jeu de Richard Gere, Brooke Adams et Sam Shepard, et un dénouement magnifique qui est encore dans toutes les mémoires.
Après une absence interminable de plus de vingt ans, Malick se rappelait aux bons souvenirs de tous ses fans et remettait tout le monde d'accord avec l'un des plus beaux films des années 90 - The thin red line (La ligne rouge) -, qui avait fait l'effet d'une bombe lors de sa sortie en 1999, après avoir remporté l'Ours d'Or à Berlin.
Avec des images sublimes signées John Toll (le chef op' entre autres de Légendes d'automne et de Braveheart), un casting parfait - Sean Penn, Jim Caviezel, Adrien Brody, John Cusack, George Clooney, John Travolta et Nick Nolte -, et une musique splendide de Hans Zimmer accompagnant des chants mélanaisiens bouleversants, ce voyage de trois heures dans l'enfer de Guadalcanal, en pleine Seconde Guerre Mondiale, nous plongeait paradoxalement dans un paradis perdu flamboyant, pour un souvenir de cinéma qui hante encore tous ceux qui l'ont vu.
Six longues années plus tard, l'artiste poursuivait son travail formel avec le très beau Nouveau Monde, sorti en 2005, pour lequel il dirigeait notamment Christian Bale et Colin Farrell, pour une relecture de l'histoire d'amour unissant Pocahontas à John Smith, et nous immergeait dans une Amérique à peine découverte, pour un poème visuel de toute beauté.
En quatre films, Terrence Malick affichait toute sa maestria et ses discours philosophiques profonds superbement mis en images. Quatre films immenses, qui nous font attendre plus qu'impatiemment sa nouvelle oeuvre. Bonne nouvelle : après un "faux-départ" en mai dernier (on espérait effectivement la découvrir au dernier Festival de Cannes), elle va finalement débarquer dans quelques mois sur nos écrans, en mai prochain pour être précis (le 27 aux Etats-Unis et sans doute sur la Croisette quelques jours avant).
Son titre : Tree of Life.
Son casting : Sean Penn (actuellement à l'affiche de Fair Game), Brad Pitt (bientôt à l'affiche de Megamind), Jessica Chastain (vue notamment dans la série Veronica Mars), Fiona Shaw, Joanna Going, Dalip Singh, Jackson Hurst et Lisa Marie Newmyer.
Son équipe : le génial Emmanuel Lubezki (Sleepy Hollow, Ali, Le Nouveau Monde) à la photo, et le compositeur français Alexandre Desplat (Benjamin Button, De battre mon coeur s'est arrêté) pour la partition.
L'idée très ambitieuse de Tree of Life, Malick l'a eue pendant l'été 1978, juste après la sortie de Days of Heaven. A l'époque, ce projet qu'il appelait encore Q était uniquement dans un coin de sa tête, car la production était tellement lourde - nombreux effets spéciaux, la création de dinosaures... - qu'il ne pouvait l'engager à cette époque.
Trente ans après y avoir pensé pour la première fois, le rêve de Malick s'est enfin matérialisé. Financé par River Road et produit par Bill Pohlad, Grant Hill et Sarah Green (déjà producteurs du Nouveau Monde), le tournage s'est étalé sur plusieurs mois, notamment au Texas. Après une post-production longue de plus de deux ans, durant laquelle Malick a peaufiné, en bon psycho perfectionniste, cette oeuvre titanesque, Tree of Life connaîtra vraisemblablement son avant-première mondiale lors du 64e Festival de Cannes, en mai 2011.
L'histoire ? De la Préhistoire à la Première Guerre Mondiale, Tree of Life nous propose une vision métaphorique de la genèse de la Terre et de l'Humanité.
Texas, fin des années 60, Jack, l'aîné d'une fratrie de trois, vient de perdre son frère cadet. Devant cette fatalité de la vie, Jack se souvient de son enfance, des doux moments où il était encore le fils unique, grandissant dans la félicité procurée par l'amour inconditionnel de sa mère. La travée de la mémoire s'ouvre... et tout lui revient... les petits frères qui mobilisent soudain l'attention de la mère, la discipline de fer d'un père absent et autoritaire. Jack se laisse envahir par les souvenirs du passé et c'est ainsi qu'au gré de ses expériences, de son parcours initiatique, et au rythme de la perte progressive de ses illusions et de son innocence, nous explorons le cycle de la vie qui n'en finit plus de tourner autour de nous et qui nous précipite parfois vers le bonheur, parfois vers la tragédie.
The Tree of Life nous propose une profonde réflexion sur le sens de l'aventure humaine.
En attendant encore les quelques mois qui nous séparent de cette sortie événement, nous vous proposons aujourd'hui l'affiche officielle du film et la première photo de production, en espérant bientôt en avoir encore plus à nous mettre sous la dent.
Adam Ikx