Nouveau rebondissement dans l'affaire Abdellatif Kechiche et la scène de sexe "non simulée" de l'actrice Ophélie Bau dans son film Mektoub My Love: Intermezzo, présenté au Festival de Cannes le 23 mai 2019. Selon les informations de l'AFP de ce 3 juillet, le réalisateur a affirmé être prêt à faire des concessions sur le montage. Une proposition qui a de quoi surprendre venant de lui.
Le cinéaste, dont le film n'a toujours pas de date de sortie, consent en effet à supprimer certains plans d'une scène de cunnilingus si son actrice le lui demande : "J'invite volontiers Ophélie à la table de montage pour me signifier précisément ce qui choque sa pudeur et je m'engage, dans la mesure du possible, à éliminer dans le montage du film les plans qui la gêneraient encore. Ce n'est après tout que du cinéma", écrit-il dans une longue lettre adressée à Elisabeth Tanner, l'agent de l'actrice, et transmise à L'Express lundi.
Cinq semaines après la polémique cannoise autour de cet opus, intermède de Mektoub My Love : Canto Uno sorti en 2017 et dans lequel Ophélie Bau jouait déjà une autre scène de sexe, Abdellatif Kechiche est donc sorti de son silence. Un "engagement public" dont a pris acte mardi Elisabeth Tanner, dans une réponse écrite transmise à l'AFP. Ainsi sera-t-il permis à Ophélie Bau, note-t-elle, "enfin, de visionner la séquence en question et d'indiquer quels plans elle voudrait éventuellement voir supprimer" du film Mektoub, my love: intermezzo.
Le maintien au montage d'une scène de cunnilingus de 13 minutes est à l'origine du schisme entre le réalisateur et son actrice. Palpable sur la Croisette, le malaise avait nourri la polémique autour de ce film radical de 3h28 dont les trois quarts se déroulent en boîte de nuit. Plusieurs spectateurs étaient sortis en cours de projection cannoise. Ce soir-là, Ophélie Bau avait monté les marches avec l'équipe du film, sous les yeux d'Abdellatif Kechiche déjà posté en haut, mais n'était pas restée pour assister à la projection. Lorsque les lumières se sont rallumées, visiblement ému et embarrassé, le réalisateur avait quitté la salle précipitamment en lançant : "Je m'excuse de vous avoir retenus sans vous prévenir et voilà... je m'en vais." Le lendemain, toujours pas d'Ophélie Bau à la conférence de presse.
Reparti bredouille de Cannes, Abdellatif Kechiche, palmé en 2013 pour La Vie d'Adèle qui contenait déjà des scènes de sexe entre les actrices Léa Seydoux et Adèle Exarchopoulos, attend de voir sortir en salle son film, distribué par Pathé. Dans sa lettre, il affirme qu'"Ophélie a en toute conscience accepté pleinement son rôle dans mes films et à aucun moment n'a manifesté la moindre gêne quant à sa nudité ni à la dimension érotique de certaines séquences".
Déterminé à "éclaircir une situation alarmante et nuisible", il dénonce enfin une "conspiration contre (lui), dont le Syndicat des agents artistiques français", présidé par Elisabeth Tanner, est "le principal instigateur". Une accusation fermement rejetée par l'intéressée. Ce n'est pas la première fois que le cinéaste de 58 ans fait l'objet de polémiques. Pour La Vie d'Adèle, Léa Seydoux avait notamment dénoncé des conditions de tournage "horribles", tandis qu'Adèle Exarchopoulos, alors âgée de 19 ans, avait parlé de "dix journées entières à tourner" la très longue scène de sexe du film.