On avait presque fini par oublier, alors qu'à l'heure des mouvement Time's Up, #MeToo et #BalanceTonPorc, l'épineux épisode La Vie d'Adèle refait surface dans une interview accordée par l'une de ses héroïnes, Léa Seydoux, au magazine ELLE.
Rebondissant sur la question à propos de ce premier Festival de Cannes post-#MeToo – Léa Seydoux sera jurée sous la présidence de Cate Blanchett – la star française a appelé au changement "sur l'égalité des salaires" entre acteurs et actrices, mais aussi sur "la solidarité des femmes", parce qu'il "y a du boulot". "En France, il y a eu trop de voix divergentes sur ce sujet cet hiver, regrette-t-elle. Et ça ne m'étonne qu'à moitié. Lorsque j'ai dit, il y a cinq ans, qu'Adèle et moi-même avions été maltraitées sur le tournage de La vie d'Adèle, des actrices connues m'ont critiquée, et on nous a conseillées de la fermer si nous voulions continuer à travailler."
Elle accuse Abdellatif Kechiche d'avoir "tout de suite déplacé le sujet un terrain social", en arguant que si son actrice se plaignait, c'est parce qu'elle était "une bourgeoise, une petite fille gâtée". "C'est insupportable, tonne Léa Seydoux. Rien ne justifie qu'on torture des gens, et ça n'est ça qui rend le film meilleur." Et de rajouter : "Je pense qu'aujourd'hui notre témoignage, à Adèle et moi, serait reçu avec davantage de bienveillance. Enfin, je l'espère."
"T'es à poil toute la journée devant six personnes, donc il y a un moment où ça frôle l'humiliation [...] À la fin, on allait même bouffer à poil. Avec les cameramen, c'était Koh-Lanta", avait notamment raconté Adèle Exarchopoulos. "Parfois, Abdel nous criait : 'Plus, plus ! Je veux tu jouisses !' On était hébétées, il arrivait toujours un moment où on ne savait plus quoi faire", avouait de son côté Léa Seydoux, citant une des humiliations subies. "À un moment, on ne comprenait plus ce qu'il voulait, ce qui n'allait pas, ce qui manquait", clamait sa jeune partenaire.