Michel Piron, fondateur du célébrissime site français de pornographie amateur Jacquie et Michel, est dans la tourmente depuis les plaintes de sept femmes. Ce sont des actrices de tournages anciennement diffusés sur la plate-forme qui dénoncent des viols et autres pratiques non-consenties et violentes lors de tournage. Si l'avocat du patron français, maître Nicolas Cellupica, s'est insurgé contre une "une opération de fake news et d'intox" et un dossier "quasi-vide" qui fait de la paroles des victimes présumées une "parole d'évangile" instrumentalisée par des associations féministes, il fait face à des témoignages particulièrement choquants.
En effet, Le Parisien s'intéresse aux trois autres hommes concernés par le dossier : un ancien acteur et deux anciens réalisateurs également mis en examen pour viols, complicité de viol, proxénétisme en bande organisée et traite d'être humain en bande organisée. L'un d'eux est aussi poursuivi pour complicité de viol avec acte de torture et de barbarie.
Il y a l'ancien architecte Jacques W. alias Jack Wood, aujourd'hui retraité de 75 ans qui a, à son actif, 40 films tournés. Mis en cause pour des tournages violents avec viols, il dresse un portrait très sombre de Michel Piron et affiche une défense aux accents complotistes: "Je savais bien qu'un jour ça pourrait me tomber bien sur la tête, depuis DSK... Un ami m'avait prévenu." Ce qu'on lui reproche, entre autres ? Avoir séquestré et abusé sexuellement d'une comédienne qui a été ensuite prostituée de force et exploitée sur des tournages violents. Il est aussi accusé de pénétrations anales douloureuses lors d'une scène alors qu'elle avait spécifié dans son contrat y être opposé, en plus d'avoir dû faire une fellation au réalisateur alors qu'aucune caméra ne tournait.
Thomas B., de son nom de scène Antonio, a lui quitté ce milieu depuis des années. Agé 28 ans, il est désormais agent de sécurité. S'il assume son passé dans le porno, il n'en tire aucune fierté d'après son avocat, estimant fait ce qu'on lui avait demandé de faire sous contrat. Il est toutefois impliqué dans les tournage du controversé Dorian, le seul à être en détention provisoire.
Sébastien P. est la véritable identité de Dorian. Touchant le RSA aujourd'hui en plus de shootings photos classiques, cet ex-banquier de 48 ans, libertin assumé, a réalisé une dizaine de films. Les accusatrices le décrivent comme un metteur en scène tyrannique et agressif. Viol glauque, phénomène d'emprise qui conduit à transformer une femme en "esclave sexuelle" pour lui et son entourage en échange de repas gratuits... "Il disait qu'il voulait me sublimer genre Christian Grey dans 50 nuances. C'était comme un gourou", a-t-elle dénoncé dans sa plainte que Le Parisien a pu consulter, relatant une scène privée où elle a été attachée à une potence au domicile du réalisateur pour subir sévices et humiliations.
Une enquête très délicate dans un milieu opaque. L'un des juges d'instruction avait estimé dans une ordonnance qu'il n'était "pas inconcevable qu'il existe des dérives systémiques aboutissant au dépassement de la volonté des femmes", ajoutant toutefois que "les éléments sont insuffisamment caractérisés pour l'instant et nécessitent la poursuite des investigations".
Les accusés restent présumés innocents des faits qui leur sont reprochés jusqu'au jugement définitif de l'affaire.