Michel Petrucciani, pianiste de jazz français décédé le 6 janvier 1999 à New York, est une véritable légende. Son parcours incroyable vient d'ailleurs d'être retracé dans le documentaire éponyme, réalisé par Michael Radford et présenté hors compétition dans le cadre du dernier festival de Cannes. Son fils Alexandre a collaboré avec passion avec le cinéaste pour que ce projet, dont le résultat est épatant de justesse et teinté d'émotion, voie le jour.
Ce dernier a récemment été interrogé à cette occasion par le magazine France Dimanche, et a évoqué celui qu'il "voit toujours avec les yeux d'un enfant". Et pour cause, Alexandre n'avait que 9 ans lorsque son papa a été emporté par une pneumonie.
Atteint comme Michel de la maladie des os de verre et mesurant 1,22 mètre (contre 99 centimètres pour la star), le jeune homme de 21 ans vit actuellement à Tours, dans un deux-pièces. Du côté de sa vie sentimentale, Alexandre est amoureux : elle s'appelle Iris et tient tête à qui critique leur différence de taille.
Ce qu'il a hérité du génie ? Ses yeux rieurs, son aura, sa gouaille et beaucoup d'autres choses encore : "Tous les deux, on n'est pas timides. J'ai sa joie de vivre et sa pudeur. Et, comme lui, j'ai confiance en moi. Malgré cette maladie, je dois exister pour moi."
Côté professionnel, l'ombre de se son père planant, il n'a pas vraiment réussi à se jeter à coeur et corps perdus dans la musique. "Je savais que je ne serais jamais aussi bon que lui. Je ne voulais pas trahir son nom", confie-t-il. Inscrit dès son plus jeune âge au conservatoire classique, section piano, Alexandre maîtrise également la guitare, mais garde cette activité pour lui, d'autant que son handicap n'est pas de tout repos.
"J'ai été opéré une vingtaine de fois. Dans ma vie, j'ai été la moitié du temps à l'école, l'autre moitié à l'hôpital. J'ai passé mon bac avec un an de retard à cause d'un staphylocoque doré. Croyez-moi, les interventions sur la moelle osseuse sont les plus douloureuses. Et encore, la maladie est mieux prise en charge qu'à l'époque de mon père", explique-t-il.
Doté de broches télescopiques qui limitent les risques de fractures, il tente de mener un quotidien épanoui, se souvenant des moments passés avec son papa, de qui sa maman Mary Laure s'est séparée assez vite. Son but dans la vie ? Être heureux et cultiver la mémoire de l'être exceptionnel qu'était Michel Petrucciani.
Alors que son espérance de vie est de 55 ans, il a choisi de la croquer à pleines dents. "J'ai choisi de vire plutôt que survivre. Mon père m'a offert la tête et le coeur. Il vit en moi."
Une belle preuve de courage.