À chaque rentrée littéraire, son Amélie Nothomb. Le cru 2017, jugé très bon, s'intitule Frappe-toi le coeur ; c'est son 25e roman, paru chez Albin-Michel le 23 août. Cette semaine, Le Parisien (Week-End) organise la rencontre entre la Belge et le journaliste Stéphane Allix qui publie Lorsque j'étais quelqu'un d'autre (Mama éditions). L'ouvrage raconte l'expérience de l'auteur lors d'une retraite en Amazonie quand un officier allemand lui est apparu. Après enquête, il découvre que ce soldat a vraiment existé et ce livre aborde des thèmes, comme celui de la réincarnation, qui ne déplaisent pas à Amélie Nothomb.
Autour de l'écrivaine, il y a son folklore : de grands chapeaux, des tenues romantico-gothiques, une mémoire incroyable des visages (et parfois même des noms) des admirateurs qu'elle croise lors de signatures, un goût immodéré pour les fruits pourris et le champagne. Amélie Nothomb embrasse ce personnage hors-cadre : "Si l'on peut qualifier les êtres humains sur une échelle de 1 à 7 en termes de rationalité, disons que je suis au niveau 4. Je ne suis pas complètement 'perchée', pourtant je laisse la porte ouverte au questionnement."
Amélie Nothomb évoque par exemple une expérience de transe en Amazonie : "Oui, c'était en 2012. La plus incroyable expérience de ma vie, que j'ai voulu partager dans un texte. Mon éditeur a refusé le manuscrit en me disant : 'On te prend déjà pour une dingue, là, tu en apportes la preuve sur un plateau.'" Quant à la réincarnation, on aime le regard de la romancière, à la fois critique et, comme elle le dit elle-même, ouvert : "Ce qui me frappe, c'est que ceux qui y croient se pensent toujours la réincarnation d'un personnage magnifique, d'un être séduisant ou d'un génie. (...) J'ai moi-même des réminiscences étranges. Parmi mes souvenirs, et Dieu sait s'ils sont nombreux, beaucoup ne sont pas les miens, notamment quand je passe à côté des poubelles : cela suscite des salivations, un état d'appétit étonnant. J'ai dû, un jour, me nourrir dans les poubelles, je devais être un clochard." Voilà qui change des réincarnations de reine égyptienne...