Star depuis 1964 et Les Parapluies de Cherbourg, Catherine Deneuve prête son image au Bon Marché, grand magasin icône de la Rive Gauche, un quartier qu'elle n'a jamais quitté. À l'occasion des 160 ans de l'enseigne et de son retour au cinéma dans le nouvel Astérix, l'actrice répond aux questions de nos confrères de M, le supplément week-end du Monde. Il y est question de grandir, de vieillir, de l'absence de modèles et de sa mère...
Catherine Deneuve préfère dire grandir, plutôt que vieillir. En grandissant, ses rôles changent, mais même aujourd'hui, il lui arrive encore de repousser certaines propositions. "Le temps passe, OK, je le sais, je le vois. Et les rôles évoluent normalement. Il m'arrive de lire un scénario en pensant : eh bien oui, c'est désormais en phase avec mon âge... Il m'arrive aussi de refuser un film où je me sens trop âgée pour le personnage : non, vraiment, ce ne serait pas crédible. Et je peux repousser un rôle en disant : non, franchement, j'ai encore le temps... Ce n'est pas tant une question d'âge que de comportement. Il y a des rôles de femmes de mon âge qui ne m'intéresseraient pas du tout. Aucune envie de jouer une grand-mère modèle qui va chercher sa petite-fille à l'école ! J'adore ça dans la vie, mais je ne souhaite pas me voir comme ça au cinéma."
Au cinéma, Catherine Deneuve dit ne pas avoir de modèles d'actrice dont elle admirerait et envierait le parcours - pas même Jane Fonda, pour qui elle a des mots assez coriaces : "Alors elle, ce n'est vraiment pas un exemple qui me fait rêver. C'est la caricature de l'Américaine tonique, bon chic bon genre. Pas du tout une image qui m'attire ! Absolument pas l'idée que je me fais d'une femme dans sa maturité. (...) Elle a évidemment une silhouette magnifique et un air pétulant. Mais elle est tellement l'archétype de ces grandes bourgeoises américaines que l'on croise à New York ou à Los Angeles, très minces, très actives, très bronzées, parlant excessivement vite avec un entrain effrayant... Le contraire de ce qui me séduit." Catherine Deneuve et Jane Fonda ont aimé le même homme : Roger Vadim. Il est le père de Christian Vadim, le fils de Catherine Deneuve, né en 1963, et celui de Vanessa Plemiannikov, la fille de Jane Fonda, née en 1968.
Une image rassurante de la vieillesse, Catherine Deneuve pense à sa mère Renée Dorléac. Cette ancienne comédienne qui a arrêté sa carrière pour élever ses quatre filles vit toujours dans l'appartement où Catherine Deneuve grandit près de la porte Saint-Cloud : "C'est incroyable, oui : ma mère a 100 ans ! Bientôt 101. Elle vit seule chez elle, joue au bridge, porte des lunettes, mais conserve une très bonne ouïe et une tête formidable. C'est assurément une image très réconfortante de la vieillesse. Je me dis que, question énergie, on doit tenir pas mal de ma mère, mes soeurs et moi ! (...) Mais le mot 'exemple' ne convient pas car on ne veut jamais faire comme ses parents. Disons que c'est une belle image de femme vieillissante." Finalement, la présence de sa mère est un rempart contre le temps qui passe : "C'est énorme de pouvoir dire 'maman'. Ça interdit de se sentir vieux. Ça change le rapport au temps."
Catherine Deneuve dans "M", le magazine, une interview à relire sur le site www.lemonde.fr
"Astérix et Obélix : Au Service de Sa Majesté", en salles le 17 octobre 2012.