

Pour l'avant-première à New York de Nymphomaniac - volume 1 le 13 mars, le réalisateur Lars von Trier et l'un de ses acteurs, Shia LaBeouf, le plus controversé actuellement, étaient absents. Toute la lumière des projecteurs s'est donc concentrée sur Charlotte Gainsbourg, actrice fétiche du cinéaste danois, Christian Slater - venu avec sa femme Brittany Lopez -, Stacy Martin, Uma Thurman et Stellan Skarsgard. Une belle brochette de comédiens pour défendre l'oeuvre audacieuse du réalisateur de Dancer in the Dark, qui s'attache à retracer en deux films la vie érotique d'une femme. Gillian Anderson, Emmy Rossum et Gina Gershon faisaient partie des invitées de cette projection.
Charlotte et Lars
Au cours de sa masterclass organisée à Paris par le Forum des images le 12 février dernier, Charlotte Gainsbourg, héroïne d'Antichrist, Melancholia et désormais Nymphomaniac 1 et 2 (sortis en France en janvier), avait évoqué sa relation avec le réalisateur Lars Von Trier. Ce dernier avait déclaré : "Si on s'entend si bien avec Charlotte, c'est peut-être parce que je ressemble à Serge Gainsbourg." À cela, l'actrice répond : "Je pense qu'il n'a pas tort, on a un rapport paternel. J'ai aimé le mettre sur un piédestal." La méthode déroutante de "LVT" permet à la comédienne d'avoir beaucoup de liberté : "C'est dur de s'accommoder à celle d'autres réalisateurs ensuite." Pour les scènes difficiles, il accompagne beaucoup ses acteurs : "Il y a un certain plaisir sado-maso", dit Charlotte Gainsbourg, reconnaissant qu'il a pris plaisir à la torturer un peu. Par ailleurs, elle reviendra sur le tournage délicat de Melancholia, durant lequel, se retrouvant avec beaucoup d'autres acteurs, elle n'était pas heureuse. Elle avoue avoir été dépassée par le cinéaste qui lui signifiait qu'elle était secondaire.
Les proches de Charlotte Gainsbourg, son compagnon Yvan Attal, sa mère Jane Birkin par exemple, comprennent pourquoi elle tourne avec un réalisateur qui lui donne à jouer des scènes parfois si dures, psychologiquement et physiquement. Lors du Festival de Cannes 2011, Lars von Trier avait déjà évoqué son projet Nymphomaniac : "Au début, je croyais qu'il blaguait avec son film porno." Le tournage n'a évidemment pas été simple : "Je suis de nature très jalouse, je me demandais quand j'interviendrais..." Quand au passage sado-maso : "C'était difficile car j'étais humiliée sur le plateau." Elle a une grande confiance en Lars von Trier, mais ne peut savoir ce qu'il va faire. Quid d'un autre film avec lui ? "Je pense que c'est fini, il a vu tout ce qu'il voulait voir."
Interdiction
À noter que les Turcs ne pourront pas voir le sulfureux Nymphomaniac. Le considérant comme "pornographique", les autorités ont en effet décidé de l'interdire. "Je condamne fermement l'interdiction de Nymphomaniac, alors qu'il existe en Turquie une limite d'âge imposée dans les salles de cinéma", s'est indigné sur Twitter le réalisateur turc Nuri Bilge Ceylan, prix de la mise en scène 2008 (Les Trois Singes) et Grand Prix 2011 (Il était une fois en Anatolie) au Festival de Cannes. Ailleurs à l'étranger, la Roumanie avait décidé d'interdire la diffusion de la deuxième partie, qui comporte des scènes de sexe explicites, avant d'annuler cette mesure. En France, le volet 1 avait été interdit aux moins de 16 ans et le volet 2 aux moins de 18 ans par décision de justice, rappelle l'AFP.