Alors que l'affaire Duhamel venait tout juste d'éclater, une autre sordide histoire est mise sous les projecteurs : le plasticien Claude Lévêque, 67 ans, est visé par une enquête pour viols et agressions sexuelles sur mineurs. Une enquête ouverte à la suite d'accusations d'un sculpteur de 51 ans, a indiqué lundi 11 janvier 2021 le parquet de Bobigny.
La révélation de cette enquête n'intervient que maintenant mais, comme le précise l'AFP, elle a en réalité été ouverte au printemps 2019 et confiée à la Sûreté territoriale de la Seine-Saint-Denis, où réside l'artiste. Dans une enquête publiée par Le Monde, le sculpteur Laurent Foulon raconte avoir été violé par le plasticien dès l'âge de 10 ans et jusqu'à ses 17 ans, au milieu des années 1980. Il a signalé ces agissements dans une lettre adressée à la procureure de Bobigny en février 2019. "J'ai conscience que les actes criminels dont j'ai été victime sont certainement aujourd'hui prescrits mais cette plainte me permet de dénoncer à la justice d'autres actes non prescrits sur d'autres victimes et de signaler qu'un ou plusieurs mineurs sont à l'heure actuelle en grand danger d'abus sexuels si l'irréparable n'a pas déjà été commis", y écrivait-il.
Je ne pouvais pas dire non à Lévêque
Le sculpteur accuse le plasticien d'avoir aussi violé ses deux frères. L'un d'eux, tombé dans la drogue comme lui, est mort en 1998 à l'âge de 34 ans à la suite d'une énième tentative de suicide. Laurent Foulon et Claude Lévêque se sont rencontrés dans les années 1970. A l'époque, le plasticien était un jeune étudiant qui avait aussi un petit boulot de moniteur de centre aéré. "Quand il est apparu dans la famille, j'avais 3 ans. On est une famille de prolos. Lui est arrivé avec toute une culture musicale, pop, artistique, qui était comme une promesse de culture, et de s'élever. Il a séduit mes parents, surtout ma mère", a relaté Laurent Foulon.
Laurent Foulon, désormais installé en Suisse, a également affirmé que Claude Lévêque assumait et revendiquait d'avoir des relations sexuelles avec des mineurs. "J'associais la pédophilie à une sorte de résistance à la société. Pour me convaincre, je lisais des auteurs pédophiles, comme Matzneff par exemple. Lévêque lit ce genre de littérature, j'ai connu ce genre de littérature par son biais", a-t-il expliqué aux enquêteurs, selon Le Monde. Pour l'heure, il n'a été entendu qu'une seule fois par un enquêteur, en janvier 2020. Il y a alors décrit avec détails les abus dont il dit avoir été la victime d'actes de masturbation à des relations sexuelles. "Je n'ai pas exprimé mon refus, je ne me sentais pas autorisé à le faire, je ne pouvais pas dire non à Lévêque. J'aurais eu le sentiment d'être bête, ringard. J'avais peur qu'il ne s'intéresse pas à moi si je ne me laissais pas faire", explique Laurent Foulon.
Claude Lévêque, par le biais de son avocat, a pointé dans un communiqué des "accusations graves" et dénoncé des "propos diffamatoires et calomnieux soutenus par Laurent Foulon", qui fait preuve d'un "acharnement incessant" envers lui. "Claude Lévêque a en effet été victime, en octobre 2015, d'un maître chanteur adressant des lettres anonymes aux fins de l'accuser de prétendues agressions sexuelles sur mineur, dans un objectif avéré de nuire à son travail artistique", et derrière lequel se cacherait Laurent Foulon, a souligné son conseil Me Emmanuel Pierrat.
Le plasticien, dont un des tapis orne un bureau de l'Elysée, est un artiste libertaire connu pour ses installations, aux thèmes souvent provocateurs. Il a oeuvré dans des lieux emblématiques comme le Louvre, la Banque de France, le bassin des Tuileries, mais aussi dans une cité HLM, des usines désaffectées... Il a exposé à New York, Barcelone, Tokyo... Il avait notamment été invité du Pavillon français à la 53e Biennale de Venise en 2009. Fin 2018, un diadème aux 16 branches d'inox au sommet de l'Opéra Bastille et deux énormes roues lumineuses sur le grand escalier de l'Opéra Garnier avaient fait polémique, certains jugeant ces installations déplacées.
Claude Lévêque reste présumé innocent des faits reprochés jusqu'au jugement définitif de cette affaire.