
Eduardo Pisani. Ou son nom de scène, Edouardo. Ce nom ne vous dit peut-être rien, mais sa chanson est restée ancrée pendant des années dans le crâne de beaucoup d'entre nous. Je t'aime le lundi, chantait-il ainsi. Et les autres jours aussi", bouquet de fleurs à la main, au milieu des années 90. Depuis, le Napolitain vit, oublié de tous, dans une pension Emmaüs et il a décidé de se présenter à l'Académie française, "pour exister".
Le 3 mars prochain, l'Académie française élira celui ou celle qui prendra place dans le fauteuil 5 laissé vacant par Assia Djebar, décédée le 6 février 2015. Aux côtés des candidats Michel Carassou, Éric Dubois, Andreï Makine, Eduardo Pisani, poète et auteur de la chanson Je t'aime le lundi, qu'il avait écrite à la suite d'une déception amoureuse.
Une candidature qui peut surprendre, mais que le Napolitain de naissance explique sur son compte Facebook. Résident Emmaüs depuis 2011 dans une pension de famille à Paris, il souhaite ainsi "exister" à travers cette candidature. Il prend pour exemple Jean-Marc Restoux, un SDF devenu célèbre après s'être présenté aux élections municipales de Paris en 2008 dans le 6e arrondissement, avec le soutien de Frédéric Beigbeder, de Lââm et donc d'Edouardo. "Quelques années après, Jean-Marc, que je rencontrais souvent à Saint-Germain-des-Près, m'avait confié son intention de se présenter aux élections présidentielles de 2012. Malheureusement, il n'a pas pu réaliser son rêve car il est tombé gravement malade et il est mort", écrit-il dans son message Facebook.
Et l'homme, qui pose cheveux longs et barbe hirsute devant un mur auquel sont accrochés des portraits en noir et blanc déchirés, explique son émouvante démarche : "Le 3 mars, je ne serai pas élu et je ne vais recueillir aucune voix mais peu importe. Le baron Pierre de Coubertin disait que l'important, c'est de participer. Pour moi, l'important, c'est d'exister. Si je suis candidat à l'Académie française, c'est pour exister, et même Jean-Marc Restoux s'était présenté aux élections municipales de 2008 pour exister, tout simplement."
Une candidature que le poète a bien évidemment accompagnée d'un poème...
Nous sommes
Des ombres
Sur les murs.
On ne fait
Que passer,
On ne reste
Pas longtemps.
D'autres
Viendront
Après nous
Et d'autres
Encore
Et d'autres
Encore.
Nos rêves
De jeunesse,
Le temps
Va les piétiner,
Et jusqu'à notre
Mort,
Nous ne serons
Que des ombres,
Des ombres
Sur les murs
Et quelques graffitis.