Dès le 24 novembre à 20h35, vous pourrez enfin découvrir la saison 3 de la série française Fais pas ci, fais pas ça . L'une des meilleures séries françaises (dialogues précis, intrigue parfaite, humour subtil et processus d'identification efficace) revient pour les fans impatients. Pour nous en parler, qui mieux que l'un des quatre héros ?
Guillaume de Tonquédec, qui interprète le coincé Renaud Lepic, a accepté de nous accorder du temps pour une interview exclusive. Drôle, sincère et particulièrement humble, Guillaume de Tonquédec s'est confié sur cette nouvelle saison, ses camarades de jeu et sa pièce de théâtre. Et pour nous, il a même accepté de devenir provisoirement schizophrène pour quelques questions ! Aussi sympathique que son personnage de Renaud Lepic ? Non, mieux : la preuve...
Fais pas ci : C'EST REPARTI POUR UN (TROISIÈME) TOUR !
Purepeople : Comment s'est passé le casting ? Vous avez postulé dès le début pour le rôle de Renaud Lepic ?
Guillaume de Tonquédec : J'ai plutôt une formation classique à la base, j'ai fait le Conservatoire, je viens du théâtre. J'ai notamment participé à la pièce Le jardin de Brigitte Buc, dans laquelle je jouais avec Isabelle Gélinas (qui joue Valérie Bouley) et Cécile Rebboah (Corinne, la copine de bureau de Valérie). C'est en venant voir ce spectacle que Pascal Chaumeil, réalisateur des premiers épisodes m'a connu. J'ai reçu le scénario et j'ai tout de suite adhéré : avec Bruno Salomone, Isabelle Gélinas et Valérie Bonneton, on s'est tout de suite amusés. C'est rare de rire pendant les scènes d'essai ! Mais au tout début, il était prévu que les couples soient inversés : je devais être en couple avec Isabelle, alors que Valérie et Bruno devaient être ensemble. Finalement, les choses se sont goupillées autrement grâce à Anne Giafferi qui est à l'origine de cette merveilleuse création.
Valérie Bonneton, avec qui je partage ma vie dans la série, est elle aussi extraordinaire : elle s'est emparée rapidement du rôle fort de Fabienne tout en restant frêle et émouvante.
PP : Vous êtes tous les quatre amis dans la vraie vie ?
GdT : Nous sommes très proches, oui. Les acteurs qui jouent nos enfants (Yanis Lespert, Typhaine Hass, Canelle Carré-Casseigne et le petit Timothé) sont aussi supers, intelligents et sympas. Il y a également une vraie complicité avec l'équipe technique qui est notre premier public. D'ailleurs, ce sont souvent les mêmes techniciens qui reviennent au fil des saisons pour conserver cet esprit de famille sur le plateau ! Il y a une ambiance de troupe chez nous, qui rappelle celle du théâtre. On travaille dans une atmosphère unique. Il y a un gros travail sur les scenarri. Le processus d'écriture est long et complexe : en partant d'un quotidien banal, il faut trouver la petite magie pour glisser subtilement vers la comédie. La bonne idée est de réunir des personnages qui s'aiment et qui sont pourtant totalement différents.
PP : Vous vous êtes aussi êtes investis dans l'écriture ?
GdT : Oui ! Fort de la connaissance intime de nos personnages, nous avons donné des idées et des particularités de langage de nos personnages à Chloé Marçais qui arrivait pour cette saison 3 et qui devait rentrer dans le moule créé par Anne Giaferri, créatrice d'origine. Mais attention, nous ne sommes pas du tout auteurs pour autant !
Fais pas ça : "JE NE VEUX PAS PARLER DE MA VERGE"
Purepeople : Dans les premiers épisodes de cette saison 3, il y a quelques guests comme Héléna Noguerra ou Bruno Solo qui donnent la réplique à Bruno Salomone. Y'en a t-il d'autres pour cette saison ? Ou des personnalités que vous auriez aimé voir ?
Guillaume de Tonquédec : Valérie Bonneton et moi aussi avons joué une scène avec Héléna Noguerra. Fabienne et Renaud consultent cette psy car il est persuadé que sa fille se sent mal depuis qu'elle l'a vu nu par accident dans la salle de bain... ce qui traumatise surtout Renaud. La psy et Fabienne vont donc l'obliger à se confier. Incapable de parler de ce qui s'est passé, Renaud va s'empêtrer, rougir, bredouiller des allusions et c'est Fabienne qui va dire le plus naturellement du monde : "Mais enfin Renaud ça ne peut pas avoir traumatisé Charlotte d'avoir vu ta verge !" C'est une scène plutôt drôle dans laquelle Valérie est excellente ! André Manoukian va revenir aussi en tant que père de Tiphaine. En ce qui concerne les personnalités que j'aurais aimé voir... c'est difficile : il y en a tellement ! J'avais demandé à Pierre Mondy de jouer mon père. Mais finalement, il jouera le papa d'Isabelle Gélinas et c'est Pierre Vernier qui joue "bon papa". Et Hélène Vincent qui joue bonne maman. Isabelle Nanty fait une composition époustouflante dans le personnage de la nounou des Bouley. Il y a beaucoup de comédiens qu'on aimerait voir sur la série mais tout dépend surtout des personnages prévus dans le scénario...
Prochainement il sera question d'une réunion de famille pour l'anniversaire de mariage de Fabienne et Renaud : l'occasion de voir de nouveaux personnages et donc peut-être des personnalités ! Il faudra notamment trouver quelqu'un pour ma soeur, la fameuse Marie-Annick qu'on n'a encore jamais vue puisque je ne l'ai eu qu'au téléphone !
PP : J'imagine qu'avec le succès de la série et la qualité d'écriture, les personnalités ne se font pas trop prier pour venir ?
GdT : C'est vrai qu'on a de la chance : ils viennent volontiers et ne sont vraiment pas difficiles à convaincre. Patrick Bruel par exemple, apparu dans la saison 2, aime beaucoup la série. Et c'est d'ailleurs sur cela qu'on a entamé notre conversation quand on s'est rencontré au théâtre Edouard VII pour la pièce Le prénom.
Fais pas ci : C'EST DU CHINOIS !
Purepeople : Il y a une scène au cours de laquelle votre famille parle chinois. Comment ça s'est passé ?
Guillaume de Tonquédec : C'est une scène de cauchemar dans laquelle le personnage de Renaud, traumatisé à l'idée d'être muté en Chine, se retrouve dans la cuisine où toute sa famille lui parle en chinois. Nous voulions que ça sonne juste, que ça sonne vrai. Raison pour laquelle, c'est du vrai chinois et non un quelconque charabia. C'est le propre de Fais pas ci, fais pas ça : tout est crédible dans la vie de ces familles et c'est pour cela que ça devient drôle. Les auteurs font un travail exceptionnel plein de créativité, d'inventivité et de précision.
Fais pas ça : SCHIZO ?
Purepeople : Dans cette saison, Renaud apprend l'existence d'un demi-frère qui s'appelle Daniel, rôle que vous interprétez aussi...
Guillaume de Tonquédec : L'idée du demi-frère vient de la créatrice Anne Giaferri, belle idée qu'elle a eue au cours de la saison 2. Elle a été gardée puis exploitée par Chloé Marçais qui lui a succédé. Quand Anne m'avait parlé de ce projet, j'avais trouvé génial mais j'avoue avoir été surpris quand elle m'a dit que c'était moi jouerais le rôle du demi-frère ! Pour Renaud, c'est un choc car ce demi-frère est le fruit d'une relation adultérine puisque bon papa était encore marié lorsqu'il a fait cet enfant. Pour Renaud, c'est tout un idéal qui s'écroule car il a beaucoup d'admiration pour son père. Renaud est d'autant plus choqué que même s'il le nie, la ressemblance entre eux est frappante. Puisque Daniel, cet artiste de rue, lui ressemble... cela signifie que lui, numéro 2 de sa société, ressemble à un artiste de rue ! Inconcevable pour Renaud ! D'un autre côté, parfois il l'envie un peu car Daniel est cool et n'a par exemple pas hésité à prêter son studio à Christophe (le fils de Renaud) pour qu'il puisse vivre sa première nuit d'amour...
Jouer les deux personnages, était passionnant : j'ai travaillé les deux personnages de façon distincte. Je jouais d'abord Renaud puis me changeait en Daniel. Il fallait absolument penser à ce que j'avais fait dans le premier personnage pour pouvoir réagir convenablement en jouant le second ! Une vraie gymnastique.
Fais pas ci : une INTERVIEW SCHIZO !
Purepeople : Dans cette saison 3, vous interprétez Renaud Lepic bien sûr mais aussi son demi-frère Daniel. Une vraie schizophrénie pendant le tournage ! Alors l'interview va continuer de la même façon : vous allez répondre en étant vous-même puis, en vous mettant dans la peau de votre personnage Renaud Lepic ! Comme le grand public ne vous connaît que grâce à ce rôle télévisé, ce sera l'occasion de savoir si vous êtes si différent de votre personnage. Prêt pour l'interview schizo ?
Guillaume de Tonquédec : Ca va être dur, ça ! (rires)
PP : Mais non ! Quelle série française adorez-vous ou dans laquelle vous auriez aimé jouer : Victoire Bonnot ? (M6), Camping Paradis (TF1), Kaamelott (M6), Louis la brocante (France 3)
GdT: En tant que Guillaume... c'est très bizarre de répondre comme ça ! (rires) En tant que Guillaume ce serait Kaamelott qui est très bien écrit et bien rythmé. J'aime beaucoup cette série. Renaud Lepic, lui, serait plutôt adepte des valeurs véhiculées par Louis la brocante. Alors que sa femme souhaite regarder Desperate Housewives !
PP : Vous vous sentez plutôt comme Dexter (avec une facette obscure) ? comme le Mentaliste (à décrypter les autres) ? Comme Monk (doué mais bourré de tocs) ? Ou James Bond (séducteur à qui tout réussit) ?
GdT : Il faut se méfier des apparences, les gens lisses ont toujours une facette de folie, ne sont pas aussi sages qu'ils le laissent paraître. Et c'est ce qu'il y a de plus intéressant à interpréter pour un acteur d'ailleurs : des personnages avec une grande folie sous une apparence calme. Du coup, je dirais que je suis plutôt Dexter.
PP : Et qu'en penserait Renaud Lepic ?
GdT : Il serait plutôt James Bond pour pouvoir fantasmer ce qu'il n'est pas !
PP : Côté télé-réalité, vous êtes plutôt Secret Story (TF1) ? Pékin Express (M6) ? Un dîner presque parfait (M6) ? L'ile de la tentation (Virgin 17) ? Autre ?
GdT : J'étais fasciné par la première saison de Loft Story sur M6, en me disant "Comment c'est possible de faire des choses pareilles ?". On regarde des êtres humains s'aimer et se déchirer en direct... c'est inimaginable de participer à un truc comme ça. C'est comme regarder des insectes dans un bocal. D'un point de vue humain, c'est monstrueux, mais pour un comédien c'est fascinant : les participants sont dans une sorte de vérité et confient leurs états d'âmes, en se mettant à nu. C'est un sujet d'étude et de fascination pour le comédien que je suis. Mais ils font aussi le plus beau des mensonges : ils disent tout cela en sachant parfaitement qu'ils sont devant des millions de téléspectateurs !
PP : Et Renaud Lepic serait de cet avis ?
GdT : Renaud penserait que ce sont les marchands du temple. Ce sont les jeux du cirque antique version XXIème siècle. En voulant vendre du programme, on peut se permettre d'abaisser le niveau culturel de la France, c'est assez décevant. C'est ce que penserait Renaud et je le rejoins. Et j'assume ! Mais c'est drôle car c'est justement le thème de la télé-réalité qui était au centre de la saison 1 de Fais pas ci, fais pas ça puisque les deux familles acceptaient d'être filmées un mois 24h/24 pour montrer leur mode d'éducation. Chacun se confessait devant la caméra mais une scène de la vie quotidienne contredisait les propos. C'était assez décalé mais ce postulat n'a pas été gardé pour la saison 2 : c'était peut-être un peu difficile à suivre pour le téléspectateur.
PP: Sur quelle musique, vous Guillaume, pouvez danser ? Danser en costume sur la carioca ? Claquer des doigts en rythme sur du Vivaldi ? Se déhancher sur du Shakira en plein camping ?
GdT : Moi, je serais capable de faire les trois. Dans la même journée ! J'adore la musique. Une vie sans musique est inconcevable. Et j'aime des musiques très différentes : du Bach à Kool & the Gang en passant par Bowie... J'aime beaucoup la contrebasse et je peux me déhancher sur du clavecin. Une bonne musique c'est un peu comme un peu comme un scénario : il y a une histoire, un rythme, des émotions. Renaud Lepic, lui, resterait dans la musique classique et les chansons françaises d'avant-guerre.
PP : Et sur quelle musique vous vous déchaînez ? Nirvana ? Ricky Martin ? Hélène Ségara ? Autre ?
GdT : En tant que Guillaume, je peux me lâcher sur... oh je ne sais pas. Je dirais un bon Tina Turner. Ou encore Imagination, tout ce qui est rock ou disco. J'aime beaucoup le disco !
PP : Et Renaud Lepic ? Dans l'hypothèse où il aurait bu un petit verre... un peu pompette, il danse sur quoi ?
GdT : Après un verre ? (rires) Oh, je dirais un bon solo de clavecin de Rameau interprété par Blandine Rannou ! Que j'aime beaucoup aussi, j'ai le CD sous les yeux.
PP : Ah oui, folie ! Quelle est la chose la plus déjantée que vous avez faites ?
GdT : Ouh la ! Oh, ce n'est peut-être pas la plus déjantée mais quand j'avais 18 ans, ma petite soeur s'est fait lourdement ennuyer par un copain et elle était très triste. Alors j'ai appelé ce copain en question pour lui faire peur en me faisant passer pour l'inspecteur Lefèvre. Et ça a marché ! Quant à Renaud Lepic, la chose la plus folle qu'il pourrait faire serait peut-être d'enlever sa cravate à la demande de Fabienne pour aller au concert écouter du Mozart ! (rires)
D'ailleurs, à la fin de la saison 3, la musique aura son importance puisque Renaud va participer à un lipdub pour son entreprise. La chanson ? Fuck You de Lily Allen ! (rires) Je n'ai pas encore vu le résultat mais je pense que ça va être plutôt sympathique à regarder.
PP : Une chanson pour séduire ?
GdT : Pour moi, Guillaume, ce serait un bon slow d'Elton John... ou peut-être Angie des Rolling Stones. Ou encore Hotel California... Pour Renaud Lepic, ce serait plutôt une chanson populaire française comme Ce petit chemin qui sent la noisette !
Fais pas ça : GUILLAUME BRULE LES PLANCHES AVEC BRUEL !
Purepeople : Vous êtes plutôt un homme de théâtre et vous êtes d'ailleurs à l'affiche de la pièce Le Prénom avec Patrick Bruel. Vous pouvez nous en dire plus ?
Guillaume de Tonquédec : Cinq amis, deux couples et un homme célibataire que j'incarne, se retrouvent lors d'une soirée. Arrivé avant son épouse, le personnage joué par Bruel donne le prénom de l'enfant qu'ils attendent. A l'annonce du prénom, la famille plonge dans un énorme cataclysme. Cette soirée va aussi être l'occasion pour ces amis de poser plein de question sur la situation sentimentale du célibataire, ce qui va l'obliger à révéler des choses intimes. C'est une pièce drôle et émouvante mise en scène par Bernard Murat : une pièce qui marche plutôt bien d'ailleurs puisqu'elle est prolongée au-delà du 23 janvier. C'est un triomphe ! C'est excellent pour Alexandre de la Patellière et Matthieu Delaporte, les deux auteurs pour qui c'est la première pièce. Il y a également dans la distribution Judith El Zein, Valérie Benguigui et Jean-Michel Dupuis !
PP : Vous voilà donc dans une comédie, tout comme dans Fais pas ci, fais pas. C'est votre nouveau créneau ?
GdT : J'aime beaucoup les comédies. Surtout celles à l'anglaise car c'est très subtile. Partir d'un drame pour finir par en rire. C'est le principe même de la comédie. Ce ton décalé me fascine.
PP : Dernière question, y aura-t-il une saison 4 de Fais pas ci, Fais pas ça ?
GdT : On aimerait bien. France 2 aimerait bien, la production aimerait bien, les acteurs également. Il n'y a pas de problème pour les moyens de tournage, le seul paramètre à prendre en compte désormais c'est la qualité d'écriture et savoir si les auteurs sauront retrouver cette magie !
Propos recueillis par Allyson Jouin-Claude
A noter
Fais pas ci, fais ça : saison 3 inédite à partir du 24 novembre 2010 sur France 2 à 20h35 (premier épisode déjà visible ici)
Le prénom, pièce d'Alexandre de la Patellière et Matthieu Delaporte au Théâtre Edouard VII.