Jean et blouson en cuir, regard triste mais déterminé... Farid Khider est "prêt au combat". Vendredi 6 février, l'ex-champion de boxe thaï affrontait devant la cour d'assises de Créteil (Val-de-Marne) le meurtrier présumé de son petit frère, Liesse, tué par balles sous ses yeux un triste soir d'octobre 2011, lors d'un affrontement entre bandes rivales.
Ils sont précisément deux à être accusés. Leurs noms ? Pascal Kondimbo et Yohann Trompette, respectivement entendus pour "meurtre" et "tentative de meurtre", lesquels pourraient être condamnés jusqu'à 30 ans de prison. Une confrontation que Farid Khider aborde comme un match de boxe, stressé et la "boule au ventre". "C'est un combat, mais pas comme sur le ring", explique-t-il à l'AFP.
D'autant que Farid Khider (41 ans) était bien là en ce 5 octobre 2011. Sur la place Saint-Exupéry, dans le quartier réputé difficile des Saules à Orly (Val-de-Marne), le boxeur devenu acteur accompagne son petit frère Liesse (29 ans), avec deux amis. Si l'ex-champion de kickboxing arrivera à esquiver les balles de kalachnikov en démarrant en trombe sa voiture, dont les vitres seront brisées, il voit son frère être touché par trois balles à la jambe, au bassin et au thorax. Il meurt moins de deux heures plus tard à l'hôpital.
Les raisons de ces tirs ? Un "différend qui a mal tourné", selon les enquêteurs. Car quelques heures avant le drame, Liesse Khider donne une correction à son présumé futur agresseur, Pascal Kondimbo. Il aurait voulu venger un ami, à la tête d'un point de vente de drogue, et régulièrement frappé par des jeunes du quartier qui lorgnent sur son trafic. Et le soir-même, Liesse revient sur place mais avec son grand frère, père de trois enfants et condamné pour possession illégale d'armes à feu en 2013, et deux amis en renfort.
Problème, Farid et Liesse tombent sur un "véritable guet-apens, avec dix mecs tous armés", dit le premier. "Pour moi, ce n'est pas un meurtre, c'est un assassinat", dit l'ancien participant à la Ferme célébrités, sur TF1 en 2010, qui ajoute être "prêt pour ce nouveau combat et disputer quelques rounds pendant la semaine du procès." "Seulement deux sont là pour répondre, a quant à lui regretté l'avocat de la famille Khider, Me Bertrand Burman. Il y a des coupables, mais personne ne veut prendre ses responsabilités. Cela va être l'objet du débat."
Car s'il a été désigné par plusieurs témoins comme le tireur à la kalachnikov, Pascal Kondimbo assure ne plus se souvenir des événements. Il reconnaît être allé chercher l'arme et avoir simplement voulu leur faire peur mais était fortement alcoolisé et shooté à la cocaïne, selon le récit de l'AFP. "Je vais plaider l'acquittement, car le dossier montre que mon client n'était pas forcément le tireur", dit son avocat, Me Philippe Louis. "C'est quelqu'un de malléable, avec un QI de 71 à qui on a fait dire n'importe quoi alors qu'il ne se souvient de rien", ajoute-t-il. Selon Farid Khider, c'est un autre homme, pas jugé, qui a tué son petit frère. Il aurait ensuite payé Pascal Kondimbo pour qu'il se dénonce, ce que les deux ont toutefois nié lors de l'instruction.
Quant à Yohann Trompette, il dit ne pas avoir été présent le soir du 5 octobre 2011. Il a pourtant été identifié par Farid Khider et plusieurs protagonistes, dont celui qui a tiré sur la voiture de ce dernier avec un 9 mm alors qu'il s'enfuyait. Après le drame, le quartier avait vécu plusieurs mois très mouvementés. Quelques semaines plus tard, un réglement de comptes avait opposé la famille Khider et l'entourage de la bande rivale des Saules, sans toutefois faire de blessés. Un an plus tard, en novembre 2012, une nouvelle fusillade avait éclaté dans un bar du quartier. Bilan ? Un des protagonistes du premier réglement de comptes grièvement blessé et un mort, un ouvrier étranger à l'affaire. Prochain et peut-être dernier round le 13 février, avec le verdict de la cour d'assises.
Les accusés sont présumés innocents jusqu'au jugement définitif de ce dossier pénal.