Beaucoup sont ceux qui espéraient n'avoir jamais à vivre ce moment, celui de l'annonce de la mort de Jean-Paul Belmondo. Le grand acteur s'est éteint l'âge de 88 ans. La triste nouvelle a été annoncée par son avocat à l'AFP.
Né le 9 avril 1933 à Neuilly-sur-Seine, Jean-Paul Belmondo marquera à jamais le cinéma français. C'est à l'âge de 16 ans, alors que ses parents l'ont envoyé en Auvergne pour se remettre d'une infection de la tuberculose, que Jean-Paul Belmondo décide de devenir comédien. Il fait ses débuts au théâtre en 1950 dans la pièce La Belle au Bois Dormant et est admis Conservatoire national supérieur d'art dramatique, où il se lie d'amitié avec Jean Rochefort, Jean-Pierre Marielle ou encore Bruno Creme. A cette époque, les professeurs du Conservatoire national supérieur d'art dramatique ne décèle pas un talent immense en le jeune Belmondo. En 1956, lors de son année finale, il se voit refuser l'entrée à la Comédie française par le jury, à qui il adresse un bras d'honneur.
Les vrais débuts de Jean-Paul Belmondo au théâtre surviennent dans deux pièces au théâtre de l'Atelier, Médée de Jean Anouilh et Zamore de Georges Neveux dans des mises en scène d'André Barsacq. Mais Médée est un terrible échec.
Jean-Paul Belmondo débute timidement au cinéma en 1958 dans Sois belle et tais-toi, réalisé en 1958 par Marc Allégret, où il croise Alain Delon, lui aussi débutant. Cette même année, il est appelé pour servir lors de la guerre d'Algérie.
C'est finalement en 1960 que Jean-Paul Belmondo décroche son premier rôle signifiant au cinéma dans À double tour, de Claude Chabrol. Il enchaîne ensuite avec Classe tous risques, film policier réalisé par Claude Sautet, dont il partage la vedette avec un certain Lino Ventura. 1960 est une année décisive pour lui.
C'est cette année-là que Jean-Paul Belmondo rencontre enfin son premier grand succès, avec À bout de souffle. En l'espace d'un an, il tourne pas mois de 34 films, une cadence soutenue qui lui permet de faire partie des figures de premier plan du cinéma français. Capable de jouer dans tous les registres, il n'est pas effrayé par l'action et les cascades qu'il peut assurer sans doublure.
Il est au casting d'Un singe en hiver réalisé par Henri Verneuil avec Jean Gabin, par qui il est très impressionné mais avec qui il s'entend finalement très bien. Il décroche le surnom de "Bebel" en lien avec le personnage Pepel joué par Jean Gabin dans le film Les Bas-fonds. Belmondo considérant que c'était un des plus beaux rôles du cinéma, son ami Henri Deschamps s'amuse à l'affubler de ce surnom, à la suite d'une faute de frappe, Pepel est devenu Bebel et le surnom reste.
Les années 70 débutent sous les meilleurs auspices avec la sortie du film policier Borsalino, dont Jean-Paul Belmondo partage l'affiche avec son rival d'écran Alain Delon. Un véritable triomphe avec près de 5 millions d'entrées. Mais un scandale entache la sortie du film, un procès entre les deux acteurs, sur le film, que Bebel remporte finalement. Il fonde sa société de production et enchaîne les tournages sous un rythme effréné (Peur sur la ville, L'Incorrigible, L'Alpagueur, Le Corps de mon ennemi, L'animal...)
Au début des années 80, Jean-Paul Belmondo tourne ses plus grands succès : Flic ou Voyou, Le Guignolo, Le Professionnel (tous réalisés par Georges Lautner) mais également L'As des as de Gérard Oury et Le Marginal de Jacques Deray.
1985 marque la fin des films avec cascades pour Belmondo. Il se blesse gravement sur le tournage de la comédie policière d'Alexandre Arcady, Hold-up, alors qu'il ne voulait pas être doublé.
En 1987, Robert Hossein lui propose de remonter sur les planches après trente ans d'absence, une proposition qui tombe à pic après l'échec du Solitaire, le polar de trop selon Bebel. Il incarne Kean de Jean-Paul Sartre d'après Alexandre Dumas, au théâtre Marigny. A la fin des années 80, il retrouve à nouveau Robert Hossein pour une mise en scène de Cyrano de Bergerac d'Edmond Rostand.
En 1989, lors de la 14e cérémonie des César, Jean-Paul Belmondo reçoit le prix de meilleur acteur pour sa prestation dans Itinéraire d'un enfant gâté de Claude Lelouch. Dès sa nomination, il avait dit ne pas être intéressé par ce prix, et n'est pas monté sur scène pour le récupérer.
En 2001, Jean-Paul Belmondo tourne dans le téléfilm L'Aîné des Ferchaux, quarante ans après une première version. Il envisage ensuite de tourner une adaptation du roman Le Lion de Joseph Kessel mais de sérieux problèmes de santé chamboulent ses projets. Alors qu'il se trouve en vacances en Corse le 8 août 2001, Bebel est victime d'un AVC. La partie droite de son visage est paralysée et la rééducation est longue. Sept ans plus tard, il retrouve les plateaux de tournage, dans Un homme et son chien de Francis Huster.
En 2011, Jean-Paul Belmondo reçoit une Palme d'or pour l'ensemble de sa carrière au Festival de Cannes. Le 14 octobre 2013, un hommage est rendu à l'acteur lors de l'ouverture du cinquième Festival Lumière de Lyon, avec la projection du film Un singe en hiver. Lors de la Mostra de Venise 2016, il se voit remettre des mains de la comédienne Sophie Marceau le Lion d'or pour la carrière. En février 2017, lors de la 42e cérémonie des César, un hommage est rendu par l'Académie des César à Jean-Paul Belmondo pour l'ensemble de sa carrière sous forme de montage vidéo rétrospectif.
Et si Jean-Paul Belmondo annonce la fin de sa carrière en février 2015 sur RTL, il revient finalement sur ses déclarations, mais ses projets de retour n'aboutissent finalement pas.