Le jeudi 21 mars dernier, le candidat de Koh Lanta Gérald Babin décédait des suites d'une crise cardiaque, après une seule journée de tournage au Cambodge. Dix jours plus tard, hier, lundi 1er avril, Thierry Costa, médecin de l'émission phare de télé-réalité, se donnait la mort, ce lundi 1er avril. Aujourd'hui, le drame Koh Lanta semble sur le point de se transformer en véritable scandale...
Rapidement, certains sites Internet, stations de radio ou magazines, tels qu'Arrêt sur images, RMC ou encore Closer, relayent des propos anonymes remettant en cause la version officielle de la mort de Gérald Babin. Adventure Line Productions (ALP) porte plainte pour diffamation. Puis RTL annonce que le parquet de Créteil ouvre une enquête préliminaire pour "homicide involontaire". Une enquête qui permettra d'établir précisément les causes de la mort du candidat de 25 ans.
Aujourd'hui, Franck Firmin-Guion, PDG de la société ALP, assure dans les pages du journal Le Parisien que c'est lui qui a demandé cette enquête préliminaire. En colère, il explique : "C'est nous qui avons pris contact, dès le lundi 25 mars, avec le parquet, en accord avec la famille, pour obtenir une autopsie. Une enquête préliminaire a été ouverte et nous avons commencé à transmettre, ce week-end, un certain nombre d'éléments, dont l'ensemble des images tournées. Elles démontreront que toutes les règles de sécurité ont été respectées et aideront à démentir les accusations mensongères." Comme annoncé ALP a bien déposé plainte vendredi 29 mars, "une plainte contre X pour mettre fin aux propos diffamatoires".
Son mécontentement, le producteur l'a réexprimé hier, lundi 1er avril, dans le journal de 20h de TF1, après un court reportage revenant sur le suicide de Thierry Costa et la lettre que ce dernier a laissée avant de se donner la mort : "La colère contre les témoignages anonymes, la colère contre des allégations mensongères, la colère contre ceux qui colportent sans vérifier ces informations."
Dans la lettre qu'il a laissée avant de se donner la mort, sur un papier à en-tête de l'hôtel où il se trouvait au Cambodge, Thierry Costa écrivait : "Ces derniers jours, mon nom a été sali dans les médias. Des accusations et suppositions injustes ont été proférées à mon encontre." Mais aussi : "Je m'endors serein ce soir sans aucune rancoeur, même contre les médias. Parce que devoir reconstruire cette réputation détruite me serait insupportable. C'est donc mon seul choix possible."
Alors que Frank Mousseaux, capitaine de l'équipe jaune de Koh Lanta dans laquelle se trouvait Gérald Babin, confie au sujet du suicide de Thierry Costa qu'il s'agit d'une "mort de pression médiatique", Nonce Paolini, PDG de TF1, écrivait hier dans un communiqué adressé à de nombreux médias : "Je laisse à leur conscience les auteurs des propos anonymes tenus sur les circonstances du décès de Gérald Babin, ainsi que ceux qui les ont colportés, avant même que toute la lumière ait été faite sur ce drame."
Aujourd'hui, contactés par 20 Minutes, Arrêt sur images et Closer se défendent. Dans le communiqué annonçant le suicide de Thierry Costa, ALP dénonçait la polémique qui a suivi la mort du candidat : "Cet événement tragique doit inciter ceux qui accusent et commentent sans discernement à faire preuve de responsabilité."
ALP et TF1 font naturellement référence aux témoignages anonymes relayés la semaine dernière. Des témoignages qui remettent en cause la production et le médecin après la mort de Gérald Babin. La première source affirmait notamment que la société de production avait refusé au médecin d'intervenir rapidement au moment où Gérald Babin se portait mal et que le candidat avait été évacué par bateau et non par hélicoptère, car "cela [avait été] jugé inutile et trop coûteux par la production".
"L'enquête n'était pas si à charge que cela", se défend David Medioni, coauteur de l'article Mort à Koh Lanta : un témoignage accuse la production et le médecin, sur le site Arrêt sur images. Il ajoute : "En ce qui concerne le suicide du docteur Thierry Costa, je n'ai aucun commentaire à faire, je m'incline devant la douleur de la famille. En ce qui concerne l'affaire Koh Lanta, j'aimerais que ALP, qui met en cause les médias dans son communiqué de presse, se mette à chercher la vérité sur la prise en charge de Gérald Babin." Enfin, il déclare : "Je suis étonné qu'il n'y ait aucun mot à ce sujet. Ils ont le script de l'émission, les rushs, ils ont les moyens de savoir ce qui s'est passé. Et par rapport au communiqué, je leur retourne le compliment."
Alors que Franck Firmin-Guion, PDG d'ALP, évoquait un relais d'information sans vérification, le journaliste d'Arrêt sur images assure que son enquête a été difficile à réaliser mais qu'il y a bien eu vérification : "Tout ce que je peux affirmer, c'est que nous avons fait notre travail de journaliste : nous avons vérifié et authentifié les informations et quand cela n'a pas été possible, c'est mentionné dans l'article. (...) ALP met en cause les médias, nous demandons à ALP de faire la lumière sur cette affaire."
De son côté, Laurence Pieau, directrice de la rédaction du magazine Closer, qui révélait ce samedi qu'une fête improvisée avait eu lieu le lendemain de la mort de Gérald Babin, selon une source anonyme, a confié : "En aucun cas, le témoignage que nous avons publié ne mettait en cause le médecin de Koh Lanta, son nom n'a même pas été écrit."
Laurence Pieau précise que sa source pointe essentiellement "des difficultés au niveau des infrastructures, notamment des problèmes de talkies-walkies". Elle ajoute : "Nous avons fait notre travail de journalistes. Nous avons eu un témoignage, d'une personne travaillant sur l'émission. Ce témoignage est anonyme car cette personne n'a pas envie de mettre sa carrière en danger. Nous avons essayé de contacter ALP durant l'enquête pendant un jour et demi, et nous n'avons pas eu de réponses."
Devant cet acharnement médiatique, on ne peut qu'espérer que l'enquête puisse enfin laisser la vérité éclater afin que les familles puissent faire leur deuil en paix.