Dans un cinéma français souvent attaqué pour son élitisme creux, Étienne Chatiliez fait office de mauvais élève turbulent. Politiquement incorrects et sans limites, les personnages de ce réalisateur culte sont entrés dans le panthéon des anti-héros aussi détestables qu'irrésistibles.
Quatre ans après Agathe Cléry (2008) et son incursion dans le racisme avec Valérie Lemercier, le réalisateur est de retour avec L'Oncle Charles, une comédie grinçante sur une famille qui décide d'arnaquer une vieil homme seul et riche grâce à l'aide d'une notaire. Avec Alexandra Lamy, Eddy Mitchell et Valérie Bonneton, Étienne Chatiliez prouve une nouvelle fois son amour pour les vilains petits canards.
Famille, je vous hais
Depuis La vie est un long fleuve tranquille (1988), la cellule familiale est au centre du cinéma de Chatiliez. Dans ce succès phénoménal récompensé par quatre César, deux enfants découvrent qu'ils ont été échangés à la naissance et qu'ils se sont ainsi retrouvés à vivre dans un environnement très éloigné de leur origine sociale.
Une crise de rire prolongée par Tatie Danielle (1989), l'histoire d'une vieille femme cruelle, capricieuse et manipulatrice qui transforme la vie de ses neveux parisiens en enfer, et par Le bonheur est dans le pré (1995), pour lequel Eddy Mitchell avait reçu le César du meilleur second rôle.
L'âge moderne
Après six années d'absence, Étienne Chatiliez marquait son retour avec un autre carton ancré dans l'ère moderne. Tanguy (2001) raconte l'histoire d'un adulescent immature de 28 ans qui ne peut se résoudre à quitte le cocon familial. Conscients du problème de leur fils et de la charge qu'il représente, les parents décident de transformer sa vie en enfer pour le pousser à déménager. Cinglante et hilarante, cette fable sur l'âge adulte rencontre un succès phénoménal (4,3 millions de spectateurs) et entre à son tour dans l'inconscient collectif.
Curieusement, le réalisateur passe quasiment inaperçu avec La confiance règne (2004), où Vincent Lindon et Cécile de France incarnent un couple de voleurs idiots, sans foi ni loi. Un échec compensé par Agathe Cléry (2008), une comédie absurde et musicale dans laquelle Valérie Lemercier interprète une femme d'affaires raciste qui devient lentement noire. Déjantée et absurde, cette fable contemporaine sur la société actuelle marque le renouveau du cinéma d'Étienne Chatiliez.
À l'heure où la comédie française est relancée par le succès d'Intouchables, L'Oncle Charles s'annonce déjà comme un événement incontournable.
L'Oncle Charles, en salles le 21 mars.