Il se fait rare, refusant de prendre part à la folie du "circuit médiatique" qui a happé toute son énergie en 2015. Mais à l'occasion de la sortie de sa nouvelle BD, Indélébiles (Futuropolis), qui raconte son quotidien pendant les vingt-trois années qu'il a passées au sein de la rédaction Charlie Hebdo avec ses amis Cabu, Charb et les autres, Luz a accepté de faire une petite exception, se dévoilant en toute intimité dans un portrait que lui consacre Libération ce 28 octobre 2018.
Toujours sous protection policière, près de quatre ans après l'attentat qui a décimé Charlie Hebdo auquel il a échappé de peu (le 7 janvier était également le jour de son anniversaire, et il avait passé un moment privilégié, ce matin-là, avec sa compagne, la journaliste Camille Emmanuelle), le dessinateur de 46 ans a expliqué qu'il avait choisi de faire cette nouvelle BD pour se replonger dans les souvenirs heureux du passé. Une sacrée thérapie pour celui qui avait choisi de quitter Charlie Hebdo quatre mois après la tuerie, en mai 2015. "Je peux plus parler de mon passé, que de mon présent et de mon futur : je suis comme un fantôme. Les fantômes ont plein de choses à dire sur ce qui est arrivé et très peu sur ce qui se passe sur le moment même", a-t-il expliqué.
Avec ma femme on a inventé un concept : la pansensualité
Outre le dessin, c'est surtout l'amour qui lui a permis et qui lui permet encore d'aller tout de même de l'avant. Renald Luzier, de son vrai nom, ne s'en cache pas : s'il est encore vivant, c'est grâce à Camille. "C'est l'amour fou. Elle est géniale. Tu as lu son livre ? [l'écrivaine, qui est spécialisée dans les questions de sexualité, avait publié l'an dernier l'ouvrage Sexpowerment, NDLR] Formidable ! Et son cul ? Il est magnifique, non ?", lance-t-il dans un rire. En couple depuis 2014, ils sont aujourd'hui les heureux parents d'une fillette en bas âge. Luz se remémore son coup de foudre pour sa femme et ne tarit pas d'anecdotes croustillantes sur leur vie sexuelle. "Tout d'un coup j'ai aimé quelqu'un qui était un mystère, j'étais complètement fasciné. On a décidé de se marier après qu'elle m'ait offert un gode anal, mon gode à moi. Au bout de deux mois. C'est allé très vite. (...) On a inventé un concept, la pansensualité. Pendant l'acte amoureux au moment où on est dans une position de séduction, on décide d'être ou homme, ou femme, ou ce qu'on veut", a-t-il ajouté. Et de conclure, fou d'admiration : "Elle est hyperattentive. Elle est là à surveiller si je ne deviens pas fou. Ça a été difficile pour elle, bien sûr, mais l'amour nous a sauvés, nous a reconstruits."