Près de deux ans après son départ de la rédaction de Charlie Hebdo, Luz donne de ses nouvelles à l'occasion d'un nouvel entretien accordé ce jeudi 20 avril dans les colonnes du magazine VSD. L'occasion pour le dessinateur de 45 ans d'évoquer ses projets – sa nouvelle bande dessinée, Alive, est parue le 6 avril dernier aux éditions Futuropolis – ou encore sa vie privée.
Rescapé de l'attentat du 7 janvier 2015, celui dont le vrai nom est Renald Luzier vit aujourd'hui "quelque part", toujours entouré d'agents de protection rapprochée. "Aujourd'hui, je ne sors plus. Pour l'anecdote, on s'était dit avec ma femme : 'Tiens, on va aller voir un concert de folk sur une péniche', pas le truc de fous, juste un petit machin. Et j'ai appris que les types avaient demandé des autorisations auprès de la brigade fluviale et qu'il allait y avoir des rondes autour de la péniche. Alors j'ai dit : 'Laisse tomber, on va écouter de la musique chez nous'", a-t-il glissé.
Malgré ce mode de vie peu commun, Luz va "mieux", comme il l'avait lui-même confié fin janvier au micro de France Radio. En autarcie mais entouré de ses proches et de sa famille, il a admis qu'il devait beaucoup à son épouse, la journaliste Camille Emmanuelle (mère de sa fille née en 2015). Le matin de l'attentat à Charlie Hebdo, Luz était absent de la rédaction pour cause de "soirée trop arrosée", mais pas seulement. "Comme je suis du 7 janvier, mon amoureuse m'avait souhaité mon anniversaire le matin. On s'est réveillés un peu tard et on a décidé de traîner au lit pour mes 43 ans. Voilà : c'est pas l'alcool qui m'a sauvé, c'est l'amour. Et c'est l'amour qui continue de me sauver", a-t-il ajouté.
Après avoir dessiné la couverture du fameux numéro des survivants ("Tout est pardonné"), Luz avait reçu les encouragements de sa femme, qui lui assurait qu'il avait donné son "ultime combat" pour le journal satirique. "Elle avait raison. Après le 7 janvier, il fallait mener un combat et le mien a été de faire cette couverture. (...) J'avais envie qu'après ce drame qui nous était tombé dessus, on aborde le journal et notre vécu comme un An 01. (...) Tout ça me paraissait vain. C'est pour ça que je suis parti, tout bêtement. Certaines personnes ont vu mon départ de Charlie comme une lâcheté, d'autres comme une sorte de courage. Moi, je l'ai vécu comme une sorte d'honnêteté. Je n'avais pas envie de faire semblant", a-t-il justement conclu.