Au mois d'août prochain, Marie-Alice Yahé (29 ans) devait disputer la Coupe du monde de rugby en tant que capitaine de l'équipe de France, devant son public. Un K.-O. en a décidé autrement, coupant court à la carrière de la jeune femme et à ses rêves sportifs.
Début mai, la compagne de Lionel Beauxis était forcée de prendre sa retraite internationale. Un cinquième K.-O., celui de trop. Fatiguée, la jeune femme, demi de mêlée de Perpignan, se remet peu à peu d'un choc pourtant anodin, un ballon de rugby reçu dans la tête. Durant des semaines, elle a souffert "de pertes d'équilibre, de nausées, de vomissements", raconte-t-elle à L'Équipe. Mais pas seulement.
"Suite aux précédents chocs, et notamment ma fracture du plancher orbital il y a quatre ans, j'avais gardé d'autres séquelles : je ne pouvais plus monter dans un ascenseur, j'avais des crises d'angoisse, de claustrophobie. Je suis allée voir des psys comportementalistes. (...) Effectivement, ça aide, mais je ne suis pas sûre de rentrer encore dans tous les ascenseurs", poursuit-elle. Elle confie notamment au quotidien sportif comment, incapable qu'elle était de prendre l'ascenseur, elle avait dû refuser une invitation de son futur époux au restaurant Lafayette, au sommet de la tour Concorde-Lafayette à Paris.
Son dernier K.-O. ne laissait pourtant pas présager le pire. Lors d'un entraînement, son coach lui envoie un ballon qu'elle reçoit sur la tête. Pas de perte de connaissance, juste la tête qui tourne. Le médecin lui-même pense à une bête chute de tension. Mais les examens disent tout autre chose : "J'ai alors fait des tests d'équilibre. Normalement, on doit fermer les yeux et tenir vingt secondes sans tomber. Je suis tombée neuf fois. C'est énorme. Le docteur a dit : 'Elle ne part pas en Écosse.'" Fin du tournoi des VI Nations pour Marie-Alice Yahé. Et peu de temps après, fin de carrière définitive et pas de Coupe du monde en France. "Du fait de mes symptômes (fatigue, vomissements, migraines), ils ont trouvé que c'était trop dangereux pour moi de continuer le rugby, ajoute-t-elle. Ils m'ont dit que je pouvais terminer légume."
Heureusement, Marie-Alice Yahé peut compter sur le soutien de son futur époux, Lionel Beauxis, qui débutera la saison prochaine à Bordeaux-Bègles après des années à Toulouse, lui qui porta le maillot tricolore à vingt reprises. Seul lot de consolation, Marie-Alice Yahé a pu bénéficier d'un long week-end d'enterrement de vie de jeune fille avec ses amies. Et l'avenir ? "Pour l'instant, je ne vois pas trop loin, reconnaît-elle. Après le déménagement, on va se marier, c'est une manière de passer à de jolies choses. On veut aussi un bébé, et cela prend du temps, à ce qu'on m'a dit." Avant de conclure : "Le rugby est ma passion mais je ne veux pas que cette passion m'enlève la vie."
Un entretien à retrouver dans on intégralité dans le journal L'Équipe du 16 juin 2014