Plus de vingt ans après Quand Harry rencontre Sally (1989) et ses quelques scènes culte, Meg Ryan est complètement passée sous les radars. Intronisée reine de la comédie romantique pendant les années 90, elle a brusquement disparu avec le nouveau millénaire, comme stoppée par une date de péremption fixée pour les stars de bluettes.
Hollywood m'a tuer
Mais la réponse à ce revirement de carrière est probablement très simple. Quasiment absente des écrans depuis In the Cut (2003) de Jane Campion, l'un de ses rôles les plus audacieux, Meg Ryan semble avoir succombé aux travers de la chirurgie esthétique, première cause de mortalité professionnelle des actrices hollywoodiennes. À 50 ans, la blonde pétillante évoque maintenant sa propre déchéance à chacune de ses apparitions.
Star bankable des années 90, Meg Ryan n'est jamais parvenue à se débarrasser de sa propre histoire. Ainsi, Quand Harry rencontre Sally (1989, Nuits blanches à Seattle (1993), Vous avez un message (1998) restent ses trois films les plus connus, en plus de rassembler ses trois nominations aux Golden Globes et ses deux collaborations avec Tom Hanks. Chacun de ses essais dans un autre cinéma s'est soldé par des échecs : les costumes du Don du roi (1995) avec Robert Downey Jr., l'uniforme de l'armée dans À l'épreuve du feu (1996) avec Denzel Washington ou la sobriété du thriller L'Echange (2000) avec Russell Crowe.
Come-back raté
Son plus beau tour de force reste In the Cut (2003) de Jane Campion, un drame érotique sur une femme solitaire, envahie par ses pulsions et poursuivie par un tueur. Un rôle délaissé par Nicole Kidman, qui aurait dû relancer sa carrière vers de nouveaux sommets. Mais la réalisatrice de La Leçon de piano (1993) ne convainc plus les médias, et le contre-emploi de Meg Ryan est trop brutal. L'année suivante, elle s'improvise manager de boxe pour une histoire vraie, Dans les cordes (2004). Le film est un flop, et l'actrice coule.
Depuis, l'étincelle s'est éteinte. Passées inaperçues, les comédies Le Deal (2006), Mon espion préféré (2008) avec Antonio Banderas, The Women (2008) avec Eva Mendes et Quitte-moi... si tu peux (2009) sont venues prouver que la reine de la comédie romantique appartient au passé. Une idée que Meg Ryan semble employer sur son propre visage, dans un ultime effort pour entretenir sa gloire d'antan.
Geoffrey Crété