Tous les sports ne sont pas égaux lorsqu'il s'agit d'argent. Le judo fait partie de ceux qui ne pèsent pas lourd dans la balance. Alors qu'elle a fièrement porté les couleurs de la France durant plusieurs années et remporté le titre de championne du monde en 2009 dans la catégorie des -57 kilos, Morgane Ribout a rendu son kimono. Écoeurée par ce sport qu'elle a tant aimé, et pour lequel elle a passé des heures à s'entraîner, la Lilloise anciennement licenciée au Lagardère Paris Racing se livre sur sa descente aux enfers.
Victime de déboires financiers, c'est avec un peu de honte qu'elle évoque cette situation délicate à laquelle elle n'était pas préparée au Parisien. "J'ai gagné de l'argent avec mon titre, j'avais un salaire autour de 10 000 euros, même en 2010", se souvient-elle. Tout bascule le jour où elle fait confiance à de mauvais conseillers : "Mon club, le Lagardère Paris Racing, m'a alors demandé de passer sous statut de travailleuse indépendante, avec des cotisations à verser à l'Urssaf, à d'autres organismes, de la TVA à payer.... J'avais à peine plus de 20 ans, sans bac en poche, j'étais complètement perdue." Livrée à elle-même, Morgane Ribout se retrouve face à un redressement fiscal qui va la ruiner, parce qu'elle ne déclarait "pas correctement" ses revenus. "Je paie encore, au point de devoir vendre actuellement mon appartement en région parisienne. J'ai perdu tout ce que j'avais gagné grâce au judo", déplore l'ex-judoka.
Si la championne de 29 ans se remémore ces moments où elle recevait "15 courriers de rappel de paiement tous les deux jours" avec une douleur atténuée, l'envie de se venger est toujours présente. "Si j'avais aujourd'hui les moyens de me payer un avocat pour attaquer les gens qui m'ont poussée dans un système causant ma perte, je le ferais", confie-t-elle au Parisien.
Pour s'en sortir, Morgane Ribout s'est retrouvée, comme beaucoup d'autres sportifs, contrainte d'abandonner sa passion. "Après le judo, j'ai travaillé deux ans dans la restauration, donc je touche un peu de chômage", avoue-t-elle. Mais parce que l'affrontement lui manque trop, la championne s'est tournée vers une discipline décriée en France, le MMA (Mixed Martial Arts) qui peut lui permettre d'empocher jusqu'à 1500 euros en cas de victoire. "Je ne vais pas mentir, il y a de l'argent dans le MMA et je ne vais pas vous dire que cela ne me ferait pas plaisir d'en gagner pour m'en sortir financièrement", lâche l'ex-judoka.
L'intégralité de l'interview de Morgane Ribout est à retrouver dans Le Parisien du 5 avril 2017.