Stéphanie Di Giusto a décidé de se pencher sur un parcours de femme hors-norme : celui de la femme à barbe. Pour mener à bien son film, intitulé Rosalie, la cinéaste à qui l'on doit La Danseuse avec Soko et Lily-Rose Depp, a choisi une actrice audacieuse que l'on ne cesse d'acclamer : Nadia Tereszkiewicz, César du meilleur espoir en 2023 pour Les Amandiers. Dans Madame Figaro, la comédienne de 27 ans raconte le processus fascinant et complexe de sa transformation pour son rôle.
Pour incarner la femme à barbe inspirée de la véritable Clémentine Delait, vivant dans les Vosges au XIXe siècle et atteinte d'hirsutisme, Stéphanie Di Giusto a misé sur l'audacieuse Nadia Tereszkiewicz qui a accepté de se transformer durant les sept semaines de tournage et pas qu'un peu. Dans Madame Figaro, elle relate le processus : "Les scènes ont été tournées dans l'ordre chronologique et ma barbe n'est pas un postiche, mais du 'poil à poil', chaque poil collé un par un sur mon visage. Une technique qui nécessite trois heures de maquillage. Auxquelles venaient s'ajouter quarante minutes de costume, et deux heures de coiffure."
Une barbe qui semble avoir véritablement poussé sur elle : "Elle a une évidence et une poésie." Un ressenti qu'elle n'aurait pas pu avoir avec un postiche comme l'a affirmé la cinéaste qui a refusé d'utiliser cet accessoire : "Parce qu'on y croyait pas ! Je ne voulais pas tricher et, pour cela, Nadia devait avoir une seconde peau. (...) Elle fait vraiment corps avec cette barbe." Ce à quoi la comédienne ajoute : "Un postiche, ça peut se détacher. (...) Je crois que la longueur du poil influait sur la douceur que je pouvais donner à mon personnage." Un jour, l'équipe avait tenté d'utiliser un postiche par manque de temps, mais elle ne réussissait pas à jouer : "Le poil à poil a créé en moi une énorme liberté de jeu. Je n'y pensais plus."
Pour procéder à une telle métamorphose, Nadia Tereszkiewicz devait alors débuter la préparation dès 4 heures du matin. Pour ne pas perdre de temps, la réalisatrice et elle dormaient à même sur le décor, un village d'anciennes forges arrêtées vers 1870, près de Pontivy en Bretagne. Avec son attribut, Nadia est devenue Rosalie et l'effet de surprise a été maintenu avec Benoît Magimel, son partenaire, qui ne l'a pas découverte avant le début du tournage.
Rosalie, en salles ce 10 avril 2024.