En acceptant d'être "consultant exceptionnel" pour le site Athlenergy.com du groupe nucléaire Areva, Nelson Monfort ne s'attendait visiblement pas un tel tollé. Les syndicats des journalistes de France Télévisions crient au scandale, comme Alain Vernon, délégué SNJ-CGT au service des sports, dans Libération : "C'est un conflit d'intérêt caractérisé, Nelson Monfort entache l'image des journalistes des sports du service public. Il enfreint la loi de France Télévisions. Et les gens qui se croient au-dessus des lois, on appelle ça des mafieux."
Mardi après-midi, toutes traces de Nelson Monfort sur Athlenergy avaient été supprimées. Exit également la vidéo de présentation dans laquelle le journaliste polyglotte vous invitait à suivre les prochains championnats d'Europe d'athlétisme en salle de Paris sur Athlenergy. Une compétition dont Areva est justement l'un des sponsors et que Monfort doit, évidemment, commenter pour France Télé.
Pour sa défense, Monfort assurait sur Europe 1 avoir eu l'autorisation de Daniel Bilalian, patron des sports du service public. Enfin, pas tout à fait : "La demande a été faite il y a trois semaines et n'a malheureusement pas suivi le cours normal de l'acheminement." Bilalian aurait nié devant ses équipes en colère avoir donné cette autorisation. Comme le note Libé, "il faut croire que l'absence de réponse de Bilalian valait consentement". À la presse, ce dernier déclare qu'il s'agit d'une affaire "interne à la maison". Il ne communique donc pas sur les explications qu'il a demandées à Nelson Monfort mardi après-midi.
Ce mercredi matin, Nelson Monfort s'est défendu bec et ongles dans le Grand direct des médias, présenté par Jean-Marc Morandini sur Europe 1. Il a décidé de mettre un terme à sa collaboration avec Athlénergy : "Je ne serai pas présent sur [Athlenegery] car devant le tollé suscité, j'ai décidé de ne pas retenir cette proposition et de faire retirer mon nom du site. Athlenergy est un site internet journalistique, j'avais accepté un travail journalistique en donnant des interviews avec des athlètes qui ne sont pas des moindres."
Visiblement blessé et ému, il tâche de défendre son honneur : "Je n'ai jamais été attaché à une quelconque marque que ce soit. Mon honneur professionnel est mis en cause. Ceux qui me connaissent, et ils sont nombreux, y compris à France Télévisions, connaissent ma probité, mon honnêteté intellectuelle (...) Je n'ai jamais touché le moindre argent, ni d'Areva ni de qui que ce soit d'autre. Je suis vraiment à bout, c'est plus que de l'injustice !" Dans la vidéo, depuis retirée, il déclarait pourtant : "N'oubliez pas, don't forget, tout se passe sur Athlenergy.com avec Areva, partenaire de l'athlétisme."
En 2009, dans une affaire similaire, Nelson Monfort avait écopé d'un blâme de la direction des sports pour avoir invité Mickey sur le plateau du Tennis club sur France 4, quelques jours après avoir commenté un match de charité à Disneyland Paris. Aujourd'hui, les syndicats réclament une sanction : "Si j'étais directeur du service des sports, lâche Alain Vernon, délégué SNJ-CGT, j'envisagerais une mise à pied de Monfort pendant les Championnats d'Europe."
Cet épisode relance le débat sur les "ménages" de France Télévisions, mais si les syndicats réclament une sanction exemplaire, quelle sera la décision de Daniel Bilalian ? À suivre...