Le tribunal correctionnel de Paris a rendu son verdict le 1er mars 2021 : Nicolas Sarkozy a été déclaré coupable de corruption et de trafic d'influence dans l'affaire des "écoutes", qui avait éclaté en 2014, deux ans après son départ du palais de l'Elysée. L'ancien président de la République a été condamné à 3 ans de prison dont un an ferme, comme l'a rapporté l'AFP lundi en début d'après-midi. L'ex-chef d'Etat est le deuxième président condamné sous la Ve République, après Jacques Chirac, dans l'affaire des emplois fictifs de la ville de Paris.
Le 8 décembre dernier, le parquet national financier (PNF) avait requis contre l'ex-président de 66 ans quatre ans d'emprisonnement dont deux ferme, estimant que l'image présidentielle avait été "abîmée" par cette affaire aux "effets dévastateurs". L'affaire dite des "écoutes" remonte à 2014. Dans le cadre de l'enquête sur les soupçons de financement libyen de sa campagne présidentielle de 2007 - qui lui a valu depuis une quadruple mise en examen -, les juges avaient découvert que Nicolas Sarkozy utilisait une ligne téléphonique secrète, ouverte sous l'alias de "Paul Bismuth", pour communiquer avec son avocat Thierry Herzog.
Une dizaine de leurs conversations avaient été retranscrites. Elles "prouvaient" selon l'accusation qu'un "pacte de corruption" avait été conclu entre Nicolas Sarkozy, son avocat et l'ancien haut magistrat Gilbert Azibert. Pour le ministère public, Gilbert Azibert avait transmis, via Thierry Herzog, des informations couvertes par le secret et tenté d'influer sur un pourvoi en cassation formé par Nicolas Sarkozy, en marge de l'affaire Bettencourt. En échange, ce dernier avait accepté d'appuyer la candidature du magistrat, alors avocat général dans une chambre civile de la haute juridiction, pour un poste de prestige à Monaco.
Ces conversations n'étaient que des "bavardages entre amis", ont argué les avocats de la défense, qui ont brocardé les "fantasmes", "hypothèses" et "procès d'intention" de l'accusation. Devant le tribunal, ils avaient fait valoir qu'in fine, Nicolas Sarkozy n'avait pas eu gain de cause devant la Cour de cassation- si même il l'aurait demandé - et que Gilbert Azibert n'a jamais eu de poste à Monaco. Selon la loi, il n'est cependant pas nécessaire que la contrepartie ait été obtenue, ni que l'influence soit réelle, pour caractériser les délits de corruption et de trafic d'influence. La même peine - quatre ans d'emprisonnement dont deux ferme - a été requise à l'encontre des trois prévenus, assortie pour Me Herzog d'une demande d'interdiction professionnelle de cinq ans.
Nicolas Sarkozy affrontera dès le 17 mars un deuxième procès, dans l'affaire "Bygmalion", portant sur les frais de sa campagne présidentielle de 2012.
Les trois hommes sont présumés innocents jusqu'au jugement définitif de cette affaire. Ils devraient faire appel à cette décision, extrêmement sévère...