C'est sur scène que le grand chanteur, auteur-compositeur, roi de la rumba congolaise, Papa Wemba a donné son dernier souffle. Jules Shungu Wembadio Pene Kikumba, connu sous le nom de Papa Wemba, est mort à 66 ans ce dimanche 24 avril. Il a été victime d'un malaise lors d'un concert en Côte d'Ivoire samedi. Une triste et brutale nouvelle annoncée par les organisateurs du FEMUA, le Festival des musiques urbaines d'Anoumabo à Abidjan en Côte d'Ivoire. L'information a été dévoilée en premier lieu par la radio congolaise Okapi sur son site internet : "J'ai tenté d'appeler le manager de Papa Wemba à l'étranger, Cornelie. Il me dit que Papa Wemba est tombé en plein concert. On l'a acheminé à l'hôpital. Je rappelle dix minutes après, on me dit qu'il est aux soins intensifs. J'appelle trente minutes après, Cornelie me dit que Papa Wemba a rendu l'âme", raconte l'attaché de presse de Papa Wemba sur le site de Radio Okapi.
"Né en 1949 juin dans le Kasaï-Oriental (RDC), Papa Wemba était le fondateur du label Viva la Musica, en 1977 et on lui doit les tubes Analengo, en 1980, et plus tard Maria Valencia ou encore Yolele, emblèmes de la world music. C'est le coup de pouce du musicien britannique Peter Gabriel qui le fait mondialement connaître", indique RFI.fr. Il a inspiré une foule d'artistes, tels que Koffi Olomidé et King Kester Emeneya. En 1969, il cofonde le groupe Zaïko Langa Langa avec Jossart N'yoka Longo, Evoloko, Pépé Felly et Andy Bimi Ombalé qu'il quittera en 1974, pour fonder Isifi Lokolé et finalement fonder Viva La Musica en 1977.
Papa Wemba avait créé la SAPE, la "Société des ambianceurs et personnes élégantes" à la fin des années 70, un mouvement qui se répand dans toute l'Afrique et le monde à travers la diaspora zaïro-congolaise, en mettant à l'honneur un style de vêtement exagérément élégant. Ce qui nourrit d'ailleurs encore aujourd'hui la culture musical et notamment le tube de Maître Gims, Sapés comme jamais. Ophélie Winter, qui pleure la mort de Prince, va devoir affronter aussi celle de Papa Wemba, avec qui elle avait signé un duo, Ye Teho.
Papa Wemba connaissait aussi le milieu du cinéma. En 1987, il est l'acteur principal du film belgo-zaïrois La vie est belle de Ngangura Dieudonné Mweze et Benoît Lamy et compose une bonne partie de la musique originale de ce film. Il apparaît également en 1997 dans Combat de fauves de Benoît Lamy avec Ute Lemper et Richard Bohringer et plus récemment en 2012 dans Kinshasa Kids. Par ailleurs, deux de ses titres, Maria Valencia et le Voyageur, sont choisis par le réalisateur italien Bernardo Bertolucci pour son film Paradiso e inferno en 1999.
Une riche et formidable carrière marquée toutefois par une affaire de trafic de visas. En 2014, il a été condamné en février 2012 par le tribunal correctionnel de Bruxelles à quinze mois de prison avec sursis et à une amende de 22 000 euros, dont la moitié avec sursis, pour trafic d'êtres humains. Les justices belge et française le poursuivaient pour aide au séjour irrégulier d'étrangers sous couvert de ses activités musicales.
Malgré les années et les épreuves, Papa Wemba a gardé un enthousiasme intact pour la musique. Peu avant sa mort brutale, il s'enthousiasmait pour son show : "Nous serons ce soir à Anoumabo à partir de 3 heures (Abidjan) retransmis en direct de la RTI et demain à Khorogo à 21 heures (Abidjan) Bonne festivités à tous et à toutes!"