Ses chansons sont aussi résistantes que lui et bien que plusieurs générations successives aient aimé ses textes engagés, Renaud semble encore impressionné par l'amour qu'il reçoit chaque jour de ses fans. "Je suis pourri d'amour", dit-il.
Le chanteur, qui a déserté la scène et les studios depuis dix ans, égrenait ses journées dans la bouteille, enseveli dans une profonde dépression. "Le soir, je picorais à peine. L'alcool me nourrissait. J'étais un ivrogne", raconte-t-il avec lucidité dans une interview accordée à nos confrères du magazine Causette.
Noyé dans cette dépendance asphyxiante, l'interprète de Mistral gagnant a depuis bel et bien tiré un trait sur ses addictions : "J'ai rencontré un addictologue formidable et j'ai arrêté l'alcool. D'un coup net, c'était le 21 septembre." Une date qui marque une autre résurrection, lui qui n'a eu de cesse de voguer entre autoflagellation et bouffées d'amour et de musique...
Afin de préserver sa santé précaire (il menaçait de succomber à un malaise cardiaque à cause d'un taux de potassium anormalement bas), le célèbre chanteur au bandana remonte la pente en regardant désormais droit devant lui. Aujourd'hui, il peut se réjouir d'entretenir des rapports plus sains avec ses enfants qui peuvent enfin compter sur lui : "Je vois ma famille et mes amis heureux. J'échange à nouveau avec eux."
Une complicité retrouvée notamment avec son fils Malone (10 ans), né de ses amours avec Romane Serda. " Je suis passé à côté de son enfance. J'étais un étranger dans la maison. J'étais 'plein de bière', raconte-t-il. Il m'appellait 'Renaud'." Apaisé, il ajoute : "C'est un amour avec moi depuis que je ne bois plus. Aujourd'hui, il m'appelle 'papa', il me tient la main, on joue ensemble. On parle ensemble."
Plein d'espoir, il dépeint un avenir idéal : "J'espère être présent pour son adolescence. je veux être une sorte de guide spirituel pour lui et j'espère qu'il m'aimera toujours. Comme ma fille m'aime." Sa fille, c'est Lolita, née en 1980 de son union avec Dominique.
Loin de ses vieux démons, il rêve désormais à d'autres challenges, musicaux cette fois, caressant l'envie d'écrire un album pour Johnny Hallyday.
"Je pleure (de honte) de me voir dans la glace, pleure dans son coeur à m'écouter chanter, rarement juste, trop souvent faux, mais toujours vrai j'espère", admet le phénix, mélancolique.
Stéphanie Laskar