En 2011, Sabrina Perquis avait bouleversé les téléspectateurs de TF1. Son secret dans la saison 5 de Secret Story était "Je vis avec le poumon d'un autre". Atteinte de la mucoviscidose, la jolie maman devenue blogueuse et animatrice radio pour VL Média a un point de vue particulier et intéressant sur la crise du coronavirus. Pour Purepeople.com elle a accepté de parler de son quotidien et délivre un message puissant.
Vous êtes atteinte de la mucoviscidose, le coronavirus vous fait-il peur ?
Au départ, pas plus que ça. Je voyais ça comme une grippe dont il fallait se méfier. Puis, en voyant comment le virus attaque les poumons, c'est devenu un peu plus angoissant pour nous, les patients, mais aussi pour ceux qui nous entourent : médecins, associations, familles... Nous savons que contracter le virus pourrait facilement se transformer en scénario dramatique et fatal. À l'heure actuelle, nous sommes vigilants, mais aussi assez soulagés de constater que des personnes atteintes de mucoviscidose et qui ont été testées positives au coronavirus vont plutôt bien. Je dis ça avec beaucoup de précautions bien sûr. En revanche, je dois avouer que le climat est très anxiogène. Voir sans cesse des images de personnes intubées, en détresse respiratoire et la diffusion quotidienne du nombre de morts me replonge dans des souvenirs compliqués. Tout cela ressemble beaucoup à la situation d'une personne atteinte de la mucoviscidose qui serait en fin de vie. J'ai perdu beaucoup d'amis en réanimation, je suis moi-même passée par des moments compliqués. Je me tiens donc informée, mais je fais aussi attention à ne pas rester des heures devant les informations.
Comment votre fils Loès vit-il ce moment ? A-t-il peur ?
Mon fils a 16 ans, il avait surtout très peur pour moi. Il fait ses études à Toulouse et il voulait remonter pour être près de moi. Il sait les conséquences graves que cela pourrait avoir si sa maman attrape le virus. Pour le reste c'est un ado et les ados ne parlent pas beaucoup. Il pose des questions, car il voit bien ce qu'il se passe, mais c'est difficile de savoir réellement comment il vit tout cela dans sa tête.
Prenez-vous des précautions particulières ?
Étant atteinte de la mucoviscidose et greffée des poumons, le confinement est très facile à vivre. Il est souvent arrivé qu'à cause de mon état de santé, je sois contrainte de rester chez moi pour me soigner. Cela veut dire arrêter de vivre, de travailler, être coupée du monde. Là, on est chez nous sans être malade, donc j'avoue que je suis plutôt reconnaissance envers la vie et je m'estime chanceuse. En ce qui concerne les précautions, en réalité, ce que l'on demande aujourd'hui à la plupart des Français et des habitants des autres pays ressemble à ce qu'un malade atteint de la mucoviscidose doit faire pour se protéger. Faire attention à bien nous laver les mains, le plus souvent possible, éviter les bisous, essayer de faire nos courses en dehors des jours et des heures où il y a le plus de monde, éviter de se faire tousser ou postillonner dessus, porter parfois un masque, bien laver nos fruits, nos légumes... Tout cela fait partie de notre quotidien pour éviter les microbes. En ce moment nous devons en effet redoubler de vigilance et sortir le moins possible. Alors pour les courses, on se fait livrer et quand on ne peut pas, on sort. Je ne veux pas demander aux autres de l'aide, je pense savoir me protéger et je ne veux pas me sentir assistée.
Vous connaissez bien le milieu hospitalier, vous avez des amis soignants. Que vous disent-ils, comment vont-ils ?
Je suis très attentive à ce qu'ils font et à comment ils vont. Mon cousin qui est pompier me dit que ce virus est imprévisible. Qu'il arrive à des personnes d'aller mieux et, tout à coup, elles rechutent et c'est la catastrophe. Mes amies infirmières font face à beaucoup de décès et sont excédées par les gens qui ne respectent pas le confinement. Elles pensent que ces personnes ne sortiraient pas si elles passaient une journée avec elles à l'hôpital, à voir les malades intubés, d'autres qui sont angoissés, car ils sont seuls, sans leurs proches et dans l'angoisse. C'est dur pour eux. Ils annulent leurs vacances, ils ne voient plus leurs proches... et malgré tout, ils continuent avec courage. Les soignants ont choisi un métier qui consiste à sauver des vies. Ils gardent le sourire malgré tout et, rien que pour ça, je pense que personne n'a le droit de se plaindre.
Qu'avez-vous à dire à ceux qui continuent de sortir ?
Qu'ils sont égoïstes. On entend et on voit des choses hallucinantes qui me révoltent. Ceux qui disent qu'ils ne se sentent pas concernés ou en danger, je leur souhaite de ne connaître ni la maladie ni la souffrance ni la mort, mais de connaître un jour une grosse frayeur pour qu'ils prennent conscience de la réalité, de la fragilité de la vie et ce que signifie le mot solidarité.
En décembre, vous avez fait passer un message sur Instagram concernant le port du masque, parlez-nous en...
Mon message est simple : il ne faut pas juger les personnes qui portent un masque. Avant l'arrivée du coronavirus, quelqu'un qui portait un masque était une personne dont on devait se méfier, dont il fallait s'écarter. Aujourd'hui, une personne sans masque est presque considérée comme quelqu'un d'inconscient, mais après l'épidémie, des personnes de différentes pathologies continueront à avoir besoin de porter un masque pour se protéger. Il faut bien comprendre que cela ne veut pas dire qu'elles représentent un danger. Le regard des gens doit absolument changer.
Et, justement, que pensez-vous de la pénurie de masques ?
Je n'ai pas grand-chose à dire si ce n'est "honte aux personnes qui ont piqué des tonnes de boîtes de masques dans les hôpitaux !".
Pensez-vous que des personnes malades ont pu être en danger à cause de ce manque ?
Je ne suis pas médecin alors je ne sais pas, mais je pense à ceux qui sont en première ligne, les soignants, les pompiers, les commerçants, les éboueurs et tant d'autres... Si certains d'eux ont contracté le virus, c'est peut-être à cause du manque de masques et de désinfectants alors qu'ils doivent être impérativement protégés.
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